L'homme soupçonné d'avoir tué deux Suédois lors d'une attaque lundi soir à Bruxelles est un Tunisien en situation irrégulière en Belgique, connu de la police mais ne figurant pas sur la liste des personnes radicalisées, et qui affirmait être prêt à se "sacrifier" pour le Coran. Il a été mortellement blessé lors de son interpellation par la police mardi matin dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, où un immeuble avait été perquisitionné dans la nuit. Voici ce que l'on sait de l'auteur présumé de l'attaque contre trois supporters suédois, qui a fait deux morts et un blessé.
Un individu connu de la police
Le suspect est un Tunisien de 45 ans, dont la demande d'asile en Belgique avait été rejetée. Il était connu des services de police pour des faits de "trafic d'être humain, séjour illégal et atteinte à la sûreté de l'Etat", a déclaré le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. Le ministre n'a pas donné son nom, mais il a été présenté par les médias comme Abdesalem L.
Vincent Van Quickenborne a indiqué qu'en juillet 2016, des "informations non confirmées ont été transmises par un service de police étranger selon lesquelles l'homme avait un profil radicalisé et voulait partir vers une zone de conflit pour le jihad". Il a souligné qu'à l'époque, peu après les attentats du 22 mars 2016 qui ont fait 35 morts à l'aéroport de Zaventem et dans le métro de Bruxelles, "ce type d'information et de notification était légion".
Le ministre a ajouté que les services belges avaient procédé à une vérification de cette information mais qu'aucune suite n'avait été donnée, sans plus de précision.
Pas sur la liste des radicalisés
"Pour autant que connu de nos services, il n'y avait aucune information concrète de radicalisation, c'est pourquoi cette personne ne figurait pas sur la liste de l'OCAM" qui recense les personnes fichées pour "extrémisme", a-t-il dit. Plus tôt cette année, il avait été dénoncé à la police par l'occupant d'un centre d'asile de la région de la Campine (près d'Anvers), qui affirmait que le suspect l'avait menacé et qu'il avait été condamné pour terrorisme en Tunisie.
Une réunion du "Joint Information Center", structure créée après les attentats de mars 2016 pour suivre les dossiers en matière de terrorisme, avait même été convoquée à son sujet par la police judiciaire fédérale d'Anvers pour ce mardi. Entre-temps, les services belges avaient reçu "l'information que l'homme n'avait pas été condamné pour terrorisme en Tunisie mais bien pour des délits de droit commun", a affirmé Vincent Van Quickenborne, pour qui la mesure de la police d'Anvers était "plutôt par précaution" car "il n'était pas alors question d'une menace terroriste concrète ou imminente".
Des Suédois ciblés
Le suspect a suivi lundi soir vers 19H00 (17H00 GMT) des supporteurs suédois qui étaient montés dans un taxi, peu avant le match Belgique-Suède au stade du Roi Baudouin. Il a "ouvert le feu sur ces personnes qui étaient descendues du taxi, en allant jusqu'à les poursuivre jusqu'à l'intérieur d'un immeuble", a décrit le procureur fédéral, Frédéric Van Leeuw. Les deux morts sont un Suédois et une personne qui a peut-être la double nationalité suisse et suédoise puisqu'elle avait également une carte d'identité suisse, a précisé le procureur, ajoutant qu'un Suédois avait aussi été blessé.
Un message vidéo de revendication a été posté sur les réseaux sociaux par un homme se présentant comme l'assaillant et se disant inspiré par l'Etat islamique, déclarant avoir tué trois Suédois. Le procureur a précisé que "dans une autre vidéo prise avant l'attentat, le même individu apparait cagoulé et déclare que +le livre d'Allah est une ligne rouge pour laquelle il se sacrifie+". La Suède, dont l'image s'est fortement dégradée cet été dans le monde musulman après plusieurs profanations du Coran autorisées sur son sol, avait décidé le 17 août de relever son niveau d'alerte terroriste, estimant que la menace d'attentats "persistera pendant longtemps".
Étranger en situation irrégulière
L'auteur présumé des faits avait introduit une procédure d'asile en Belgique en novembre 2019, mais reçu une décision négative en octobre 2020, selon Nicole de Moor, secrétaire d'Etat à l'asile et la migration, Elle a ajouté que comme il avait été "radié du registre national" par les autorités locales le 12 février 2021, il n'avait pas pu être localisé en vue d'un renvoi dans son pays d'origine. "A cause de cela, l'ordre de quitter le territoire qui a été établi en mars 2021 n'a jamais pu être délivré", a précisé la responsable.