"Crève", "sale chienne", "arnaqueuse" : le procès de 13 internautes, poursuivis pour avoir pris part au cyberharcèlement massif de Magali Berdah, la patronne d'une agence d'influenceurs, s'ouvre lundi à Paris, premier volet d'une vaste procédure qui concerne 28 prévenus au total. Après cette première audience, prévue lundi et mardi, puis les 4 et 5 décembre, 15 autres prévenus seront jugés pour des faits similaires lors de deux procès ultérieurs, mi-décembre puis fin janvier.
"Ça n'est pas en la harcelant qu'on rend justice"
Les personnes poursuivies, 26 hommes et deux femmes, âgés de 20 à 49 ans, résident dans toute la France. Parmi elles, 19 doivent également répondre de menaces de mort proférées sur Instagram. L'ombre d'un 29e mis en cause planera sur les débats : celle du rappeur Booba, qui s'est lancé en 2022 dans une croisade contre Magali Berdah et contre ceux qu'il appelle les "influvoleurs" et accuse de multiples arnaques à l'encontre des internautes.
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Dans une procédure distincte, Booba, de son vrai nom Elie Yaffa, a été mis en examen début octobre pour harcèlement moral en ligne aggravé et placé sous contrôle judiciaire. Les investigations le concernant se poursuivent. La victime, Magali Berdah, 42 ans, patronne de l'agence d'influenceurs Shauna Events, a été accusée par Booba de pratiques commerciales trompeuses. Des reproches qui alimentent un débat plus large sur le secteur des influenceurs, pour lequel le Parlement a voté une régulation en juin.
Cependant, quelles que soient les pratiques de Magali Berdah, "ça n'est certainement pas en la harcelant qu'on rend justice", souligne auprès de l'AFP l'un de ses conseils, Me Antonin Gravelin-Rodriguez.
Des dizaines de milliers de messages reçus
Dans cette "opération de harcèlement en meute", "on a dépassé toutes les limites de la liberté d'expression, avec des menaces de viol, de mort, parfois des injures antisémites crasse", dénonce sa consœur Rachel-Flore Pardo, qui défend également Magali Berdah, aux côtés de Me David-Olivier Kaminski. Très affectée psychologiquement par les "dizaines de milliers de messages" reçus, la plaignante, qui "attend beaucoup de ce procès", "tente de se reconstruire" et reste "combattive", selon son avocate, pour qui "la honte doit changer de camp".
Parmi les internautes mis en cause, certains sont poursuivis pour avoir envoyé plus de 70 messages haineux ou injurieux, d'autres un seul. C'est la spécificité de cette infraction de cyberharcèlement, créée par une loi de 2018 : elle peut être constituée dès lors que plusieurs personnes s'en prenant à une même victime savent que leurs propos ou comportements caractérisent une répétition, sans que chacune de ces personnes aient agi de façon répétée ou concertée. Seul un faible nombre de harceleurs ont été identifiés et renvoyés devant le tribunal, selon les avocats des deux parties.