Féminicide de Mérignac : l'accusé «dans un délire paranoïaque» mais «conscient» de son acte
La cour d'assises de Gironde rend son verdict, vendredi, dans l'affaire du féminicide de Chahinez Daoud, brûlée vive devant chez elle en 2021 à Mérignac par son mari violent et "paranoïaque", qui voulait la "punir" d'un amant imaginaire.
Le 4 mai 2021 en fin de journée, Mounir Boutaa a tiré au fusil dans les jambes de la victime, avant de l'asperger d'essence et de mettre le feu avec un briquet, filmant une partie des faits avec son téléphone.
Caché depuis l'aube dans un fourgon inconnu de son épouse et aménagé pour observer sans être vu, ce maçon franco-algérien avait épié toute la journée les allées et venues de la jeune femme de 31 ans, avec laquelle il s'était marié en 2015, avant de passer à l'acte.
"Je ne voulais pas la tuer, je voulais qu'elle souffre un peu"
Au procès, la paranoïa de l'accusé semble évidente. Mounir Boutaa se pose sans cesse en victime mais a bien des difficultés à répondre aux questions de la présidente de la cour d'assises, en particulier quand elle l'interroge sur cette camionnette aménagée pour surveiller les allées et venues de Chahinez Daoud. Elle l'interroge également sur les armes, le bidon d'essence, les briquets... Tous ces éléments qui étayent la préméditation que conteste Mounir Boutaa.
L'ancien maçon de 48 ans, reconnaît avoir tiré dans les jambes de sa femme avant de l'asperger d'essence et de mettre le feu. "Je ne voulais pas la tuer, je voulais qu'elle souffre un peu, elle m'a fait tellement souffrir. J'attendais juste le mot pardon", a-t-il déclaré.
"Paranoïaque" aux "traits narcissiques"
Durant l'instruction comme dans son box, l'accusé a clamé sa certitude de l'existence d'un "amant", déplorant qu'il ne soit pas présent à l'audience et criant au complot. "Paranoïaque" aux "traits narcissiques", celui qui a raconté aux médecins avoir été violé enfant, sans le confirmer à la barre, avait basculé petit à petit "dans une pathologie psychotique", faisant de sa compagne "la cause de tous ses maux", selon les experts psychiatriques.
"Inverser les rôles et les positionnements et se présenter de façon continue en victime. On nous explique que ça fait partie de sa personnalité dite 'paranoïaque'. On a quelqu'un qui est dans une personnalité totalement rigidifiée, avec une extrême dangerosité", indique Maître Julien Plouton, l'avocat des parents de Chahinez Daoud.
En voyant rigoler celle qu'il surveillait depuis son fourgon depuis des heures, ce sinistre 4 mai 2021, Mounir Boutaa dit avoir psychoté et être parti en vrille.
L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité
Un mois et demi avant sa mort, elle avait déposé une nouvelle plainte contre celui qu'elle cherchait à quitter. Mais celle-ci fut mal enregistrée par un policier qui venait lui-même d'être condamné pour violences conjugales, parmi une série de "défaillances" pointées ultérieurement par une enquête administrative.
L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité, ramenée à 30 ans si l'altération de son discernement au moment des faits est retenue. Le réquisitoire est prévu vendredi matin avant les plaidoiries de la défense et le délibéré du jury.