L'avocat du jeune homme mort à scooter mercredi dans une course-poursuite à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, a accusé vendredi les policiers de l'avoir "volontairement" percuté, l'avocat des policiers fustigeant une "contrevérité" et défendant la thèse de l'accident. En début de soirée mercredi, un scooter monté par deux jeunes hommes était poursuivi par la police après un refus de contrôle. Dans une avenue d'Aubervilliers, le deux-roues était heurté par un véhicule d'une brigade anti-criminalité (BAC) appelé en renfort, qui arrivait en sens inverse.
Dans la collision, le conducteur Wanys R., 18 ans, était tué et son passager blessé. Une vidéo du drame a été largement diffusée sur les réseaux sociaux et dans les médias. "La vidéo montre que c'est le véhicule de police qui fait une embardée et qui percute à contre-sens et volontairement le scooter", a estimé vendredi soir dans un communiqué Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille de Wanys R. et du passager blessé. Me Bouzrou a annoncé son intention de porter plainte contre les policiers pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et violences volontaires aggravées.
"Il n'y a évidemment aucun acte volontaire", assure Laurent Nuñez
D'après un communiqué du parquet de Bobigny jeudi, qui se basait sur les premiers éléments de l'enquête, "le conducteur de l'équipage de la BAC était contraint de faire une embardée pour éviter un véhicule qui ne respectait pas une priorité et entrait en collision avec le scooter qui arrivait en sens inverse". La vidéo, visionnée par l'AFP, montre un véhicule semblant être un taxi sortant du bas-côté juste devant la voiture de police et se retrouvant sur sa trajectoire. Celle-ci se déporte alors sur la voie de circulation inverse où elle percute le scooter qui arrive en face.
"À ce stade, je n'ai aucune raison de remettre en cause la version qui a été donnée par mes policiers", a déclaré lors d'un point presse le préfet de police Laurent Nuñez, ajoutant qu'"il n'y a évidemment aucun acte volontaire". "Il est assez évident que le véhicule de police a dû faire une manœuvre d'évitement d'urgence au dernier moment car le véhicule tiers lui coupait la route, cela ressort clairement de la vidéo", a dit à l'AFP Me Jérôme Andrei, avocat des deux policiers à l'avant du véhicule. "Dire qu'il l'a percuté volontairement est une contrevérité", a-t-il ajouté, "objectivement cela reste un accident".
Les "allégations" du parquet sur une "collision accidentelle liée au comportement d'un tiers automobiliste paraissent fantaisistes et sont démenties par la vidéo", a pour sa part estimé Me Bouzrou dans son communiqué, demandant le dépaysement de la procédure.
Les trois policiers qui se trouvaient dans le véhicule impliqué dans la collision ont été entendus en audition libre par les enquêteurs de l'IGPN, la "police des polices". "L'analyse des témoignages, des rapports de police et de l'ensemble de vidéos se poursuit activement pour avoir de façon la plus objective possible les circonstances de l'accident et les instants qui les ont précédées", a déclaré vendredi à l'AFP le procureur de la République en Seine-Saint-Denis Eric Mathais.