"Je ne sais toujours pas expliquer aujourd'hui la vraie raison de mes actes", a affirmé jeudi Dominique Pelicot, jugé devant la cour criminelle de Vaucluse pour avoir drogué, violé et fait violer son ex-épouse Gisèle par des dizaines d'hommes, pendant 10 ans.
Dominique Pelicot a admis avoir trahi la confiance de son épouse, mais sans être capable de justifier pourquoi il a perpétré ces actes. Lors des débats, il a insisté sur l'idée qu'il n'avait pas vu son épouse comme un objet, bien que ses actions puissent laisser croire le contraire. "Tout le monde peut penser qu'effectivement, j'ai pu la considérer comme un objet", a-t-il dit, tout en reconnaissant la nature paradoxale de son comportement.
Un égoïsme assumé
À la question posée par le président de la cour, Roger Arata, sur le fait de savoir s'il considérait son épouse comme "une marchandise", Pelicot a nié, tout en admettant avoir pris du plaisir à ces actes. Il a également insisté sur le fait que ces comportements ne reflétaient pas le "style" de son épouse, qui n'aurait jamais consenti à de telles relations sexuelles multiples. "C'est vrai que ce n'était pas du tout son style d'avoir des relations sexuelles avec plusieurs hommes. J'ai pris du plaisir, mais je ne la voyais pas comme un objet".
Interrogé par son avocate, Béatrice Zavarro, qui suggérait qu'il s'agissait d'un "égoïsme pur", Pelicot a reconnu la nature égoïste de ses fantasmes. Il a affirmé n’avoir pensé qu'à lui-même, ignorant aussi bien les autres hommes impliqués que, surtout, son épouse Gisèle. Cette admission d'un comportement profondément centré sur lui-même a marqué un moment clé dans son témoignage. Cependant, l'accusé continue de s'interroger sur ses propres motivations, répétant plusieurs fois : "Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?", dans une tentative apparente de comprendre la source de ses actions.
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Des démons intérieurs
Dominique Pelicot a également évoqué des traumatismes liés à son enfance pour expliquer, en partie, ses dérives. Il a fait référence à un viol qu'il dit avoir subi à l'âge de 9 ans par un infirmier lors d'une hospitalisation, affirmant que "dans tout homme, il y a un démon" et que le sien remonte à ce traumatisme. Bien que cela puisse expliquer certaines facettes de sa personnalité, cela n’efface pas la gravité de ses actes.
Enfin, l'accusé a exprimé des regrets, allant jusqu'à dire qu'il aurait préféré mourir en 2002, lorsqu'il avait subi une opération chirurgicale. Ces remords tardifs n’atténuent cependant en rien la souffrance infligée à Gisèle, victime de violences et de manipulations pendant des années.
Le procès des "viols de Mazan" met en lumière les complexités des crimes sexuels, en particulier lorsqu'ils se déroulent au sein du couple. Dominique Pelicot, tout en reconnaissant ses actes, semble encore loin de saisir pleinement la portée de ses crimes. Quant à Gisèle, les révélations faites durant ce procès dévoilent l'ampleur des abus qu'elle a subis, orchestrés par l’homme en qui elle avait confiance.