Mazan 1:24
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avec AFP / Crédit photo : Benoit PEYRUCQ / AFP , modifié à
Alors que la quatrième semaine d'audience a débuté dans le procès des viols de Mazan, une psychologue a expliqué ce mardi les raisons du "passage à l'acte" de plusieurs des accusés. Selon elle, il s'agirait d'un mécanisme de défense face à leurs failles narcissiques.

Plusieurs des hommes accusés de viols ou agressions sexuelles sur Gisèle Pelicot ont développé un mécanisme de défense face à leurs failles narcissiques, qui leur a permis un "passage à l'acte", a expliqué mardi une psychologue au procès des viols de Mazan. Gisèle Pelicot, que son mari droguait pour la violer et la faire violer, était présente à l'audience, accompagnée de son fils David.

La cour criminelle de Vaucluse a poursuivi mardi l'étude des cas de six des 51 accusés, dont celui du plus jeune, Joan K., 22 ans au moment des faits. C'est par cet homme, engagé dans l'armée à 18 ans, qu'Annabelle Montagne a commencé la lecture de ses rapports d'expertise psychologique. Consommateur chronique d'alcool et de cannabis, dépressif, impulsif et solitaire, il a eu besoin au cours de sa vie du soutien de ses compagnes et de l'armée pour faire face à des "angoisses potentiellement envahissantes", a expliqué la psychologue.

"Et de celui de Dominique Pelicot ?", le mari de Gisèle, qui faisait venir des hommes recrutés sur Internet, lui demande le président de la cour, Roger Arata. "Sa capacité à se penser lui-même n'est pas très élaborée", répond Mme Montagne. Fabien S., 39 ans, deuxième cas examiné, a été placé dès ses trois ans en familles d'accueil et victime d'une agression sexuelle pendant l'enfance. Il a été SDF pendant sept ans puis a passé 10 ans en prison pour violences conjugales, trafic de stupéfiants et séquestration. Gros consommateur de cannabis, il a, lui aussi, un caractère impulsif. Réfractaire à l'autorité, adepte des pratiques sado-masochistes, il a "besoin d'immédiateté", selon la psychologue.

 

Husamettin D., 43 ans, a une personnalité qui "s'oriente autour d'une faille narcissique, due à enfance marquée par la misère socio-économique et un rejet de son père", estime-t-elle. Il a développé une "addiction" à la sexualité qui "prend une place importante depuis des années" et constitue une manière de "lutter contre un vide interne et un risque d'effondrement narcissique", souligne l'experte.

Ils ont pour point commun d'avoir construit un "clivage" entre vie publique et vie sexuelle, un "mécanisme de défense" qui leur "permet d'exister ?", lui demande Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot, qui présentait lui-même cette double face. "Oui, à des degrés divers, c'est un même mécanisme qui permet de passer à l'acte", a répondu Annabelle Montagne, en soulignant toutefois la nécessité "d'individualiser" les comportements.