La nuit tombée, Maxime et ses camarades du 3e bataillon l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, s’enfoncent dans la forêt de Fontainebleau. Dans l’obscurité, ils enjambent les ronces, aidés par les faisceaux rouges de leurs lampes frontales. Carte et boussole en mains, le jeune militaire guide son groupe. "On remonte et on longe le chemin de fer", explique-t-il à ses camarades.
Dans le rôle des agresseurs, ils ont pour objectif de rejoindre Melun, situé à 50 kilomètres de-là.
Obstacles à franchir
Traversée d’une autoroute ou encore franchissement de la Seine, les militaires progressent. "Tous les traits noirs, ce sont des chemins. Donc, on fait forêt, forêt et forêt", donne comme ordre Pierre, sous le regard de ses camarades, qui acquissent de la tête.
Mais au petit matin, après un court repos de quelques dizaines de minutes, et alors qu’ils longeaient un champ de pommes de terre, le petit groupe est interpellé. Au loin, une voiture de la gendarmerie allume son gyrophare et leur ordonne de s’arrêter. Tous prennent la fuite et se volatilisent dans un petit bois. Ni une ni deux, les officiers-élèves de la gendarmerie, jouant le rôle des forces de l’ordre, donnent l’alerte depuis leur station radio.
Un poste de contrôle constitué en urgence
À l’École des officiers de gendarmerie, la situation est critique. Car ce n’est pas un groupe d’agresseur qui est repéré, mais plus d’une vingtaine. Tous éparpillés en Seine-et-Marne. Un poste de contrôle pour traquer les agresseurs est ainsi constitué de toute urgence.
Hélicoptères de la gendarmerie, drones, mais aussi brigades cynophiles et équestres sont déployés. Difficulté supplémentaire : gérer en parallèle les interventions du quotidien comme une rave-Party, une bagarre de rue ou encore contrôles de stupéfiants au niveau d’un péage, les officiers-élèves font face à toutes les situations possibles. Pour le général de division Laurent Bitouzet et commandant de l’EOGN, il s’agit d’un "très bon exercice de mise en situation pour ces futures gendarmes de terrain".
"Une belle réussite"
Après 48 heures d’exercice grandeur nature, l’ensemble des 30 équipes d’agresseurs ont été repérées et interpellées au moins une fois par les gendarmes. Le général de division Laurent Bitouzet souligne "une belle réussite pour cet exercice inédit" qui fêtait là sa troisième édition.
Avec le nombre record de plus de 800 officiers de la gendarmerie et militaires de Saint-Cyr participants à ce week-end, celui qui va prendre la tête de l’ensemble des écoles de gendarmerie à l’été prochain se réjouit d’avoir pu faire "apprendre la recherche des personnes sur le terrain et dans le même temps avoir permis aux autres de s’infiltrer sans être vu", même si, sur les 30 groupes d'agresseurs, neuf n'ont pas été décelés.
Un moyen de réaliser des exercices "au plus près des situations réelles avec le renfort de l’ensemble des capacités opérationnelles interarmées" et de "simuler l’invasion de la France par une puissance étrangère", précise-t-il. Un moyen, également, de tester le matériel technique de la gendarmerie à l’heure où les conflits armés se multiplient sur le continent européen.