Suicide d'Evaëlle : «Je ne pense pas avoir commis d'erreur dans ma pédagogie», estime la professeure jugée pour harcèlement
Evaëlle, 11 ans, s'était suicidée en 2019, après avoir été harcelée à son école. Le procès de sa professeure de français, âgée d'une soixantaine d'années, s'ouvre ce lundi 10 mars au tribunal de Pontoise. Elle nie toute responsabilité dans le suicide de l'élève, malgré les témoignages accablants des témoins et des proches d'Evaëlle.
Evaëlle, 11 ans, s'était suicidée en juin 2019 à son domicile à Herblay-sur-Seine par pendaison. Selon ses parents, le harcèlement régulier subi par l'enfant est à l'origine de son mal-être et son suicide, qui aurait été causé par sa professeure de français et un groupe d'élèves de son établissement.
"Que cette enseignante réalise qu'elle a commis des erreurs"
Sa professeure de français, âgée d'une soixantaine d'années, avait été placée en garde à vue en novembre 2019 puis mise en examen un an plus tard pour "harcèlement sur mineur", de même que trois adolescents de 13 ans. Elle nie toute responsabilité dans le suicide de l'élève, malgré les témoignages accablants des témoins et des proches d'Evaëlle.
Le procès a débuté ce lundi matin vers 10 heures, par une prise de parole devant la presse de l'avocat des parents d'Evaëlle, maître Delphine Meillet. Elle a tenu à rappeler que ce procès permettra "d'établir la responsabilité de l'enseignante".

"Nous souhaiterions que ça serve d'exemple, mais surtout que cette enseignante réalise qu'elle a commis des erreurs, réalise qu'elle a commis un harcèlement scolaire à l'égard d'Evaëlle et que ce harcèlement scolaire peut tuer", a-t-elle résumé.
"On ira jusqu'au bout", a asséné pour sa part la mère d'Evaëlle. L'enseignante a quant à elle évité la presse et est arrivée par une porte dérobée. A la barre ce matin, veste bleue, cheveux brun, cette femme âgée de 62 ans et dont le parcours exemplaire pendant plus de 30 ans dans l'Education nationale a été souligné, n'a pas prononcé de regret. "Ça m'est arrivé de parler cash", a-t-elle déclaré à la barre, "mais je ne pense pas avoir commis d'erreur dans ma pédagogie."
"Tu es nulle, tu ne sers à rien"
Des erreurs que l'accusation lui reproche en nombre. La présidente de la séance a par ailleurs fait un point des faits d'humiliation dont elle est accusée. Pour commencer, l'affaire dite "du classeur" : suite à des problèmes de dos, la collégienne avait opté après avis d'un médecin pour un classeur unique, regroupant toutes les matières.
Un choix que l'enseignante avait vivement critiqué à l'époque, et qu'elle ne nie pas aujourd'hui. Elle avait aussi refusé à Evaëlle d'être au premier rang dans la classe malgré des problèmes de vue avérés chez la collégienne. Des camarades de la victime pointent quant à eux du doigt des propos rabaissants : "tu es nulle, tu ne sers à rien", aurait lancé l'enseignante à Evaëlle, isolée au fond de la classe.
Une parole d'élèves que l'enseignante dément formellement. Les débats se poursuivent dans la salle d'audience, où plusieurs témoins sont entendus. La mise en cause risque trois ans de prison et 100.000 euros d'amende selon l'avocate des parents d'Evaëlle.