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avec AFP / Crédit photo : Benoit PEYRUCQ / AFP , modifié à
Au 17e jour d'audience de ce retentissant procès, Husamettin D., 43 ans, le premier appelé à la barre, "confirme" qu'il ne reconnaît pas les faits de viol commis sur Gisèle Pelicot. Le second, Mathieu D., 53 ans, dit avoir "pris conscience en garde-à-vue" de l'absence de consentement de Gisèle Pelicot.

"On en revient toujours à la question du consentement", soupire le président de la cour criminelle de Vaucluse. Pour les deux accusés interrogés mercredi, la reconnaissance qu'ils ont bien commis des viols sur Gisèle Pelicot s'avère laborieuse. Au 17e jour d'audience de ce retentissant procès, où une cinquantaine d'hommes sont accusés du viol de cette femme de 71 ans, droguée à son insu par son mari Dominique Pelicot, Husamettin D., 43 ans, le premier appelé à la barre, "confirme" qu'il ne reconnaît pas les faits. 

Il explique avoir rencontré, fin juin 2019, sur le site coco.fr, un homme se présentant comme membre d'un "couple libertin" à la recherche d'un homme pour participer à un scénario où la femme "ferait semblant de dormir". Husamettin D. dit avoir demandé, sur la messagerie du site : "Elle est où ton épouse ?". "Elle est à côté de moi", lui aurait répondu son interlocuteur. Dans la foulée, il aurait reçu un autre message : "Je suis bien son épouse, je suis d'accord de vous recevoir".

"C'est ça le problème d'une reconnaissance qui n'en est pas une"

Il se rend le soir même au domicile des Pelicot à Mazan (Vaucluse), où Dominique Pelicot le fait entrer dans la chambre du couple. "J'ai commencé les préliminaires, j'ai vu qu'elle n'avait pas de réaction. J'ai dit : 'Elle est morte ta femme'. Il m'a dit : 'Non, tu te fais des films'. Il l'a pénétrée et elle a un peu levé la tête", dit-il. Les faits se poursuivent pendant au moins une demi-heure, jusqu'à ce qu'il entende clairement les ronflements de Gisèle Pelicot et décide de se "casser".

 

Mais il affirme : "On me dit que je suis un violeur, c'est un truc de fou. Je ne suis pas un violeur, c'est un truc trop lourd à porter pour moi. C'est son mari, j'ai jamais pensé que ce type-là, il pouvait faire ça à sa femme". Une magistrate de la cour lui fait remarquer qu'on lui a "donné la définition du viol", selon le Code pénal toute pénétration sexuelle ou acte bucco-génital commis "par violence, contrainte, menace ou surprise". "Maintenant, je reconnais que c'est un viol", lâche-t-il.

Mathieu D., 53 ans, reconnaît d'emblée les faits et explique que Dominique Pelicot lui avait bien précisé que sa femme serait "endormie par des somnifères administrés par lui", parce que le couple "visionnerait ensuite ensemble les vidéos". S'il dit avoir "pris conscience en garde-à-vue" de l'absence de consentement de Gisèle Pelicot, Mathieu D. assure que lui non plus n'a pas eu l'impression de "commettre un viol" lors des faits. "C'est ça le problème d'une reconnaissance qui n'en est pas une", a commenté Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pelicot.