Nymphomaniac, volume 1, de Lars von Trier, sort mercredi sur les écrans, et déjà, le film, qualifié de nouveau porno par la critique, dérange. Avant lui, les scènes de sexe très explicites de La vie d’Adèle, avaient suscité les commentaires. Du très cru au comique en passant par le stylisé, le sexe est passé par tous les états au cinéma. Comment les réalisateurs parlent-ils de sexe, et comment le filment-ils ?
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Nymphomaniac - l’hyperréaliste. Déjà en 1972, le film de Bernardo Bertolucci, Dernier tango à Paris, avait été considéré à sa sortie comme une œuvre pornographique. On y voyait notamment une scène de sodomie hyperréaliste qui provoquait chez le spectateur un certain malaise. La scène pourtant, était bien simulée. Avec Nymphomaniac, Lars Von Trier repousse encore les limites du genre : le film raconte la vie sexuelle de Joe (Charlotte Gainsbourg), nymphomane auto-proclamée, de sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans et les scènes de sexe sont cette fois filmées en gros plans pornographiques. La version censurée de quatre heures (en une seule ou deux parties selon les pays), a été expurgée des gros plans des parties génitales les plus explicites, mais reste interdite aux moins de 12 ans en France. Le réalisateur danois, qui avait déjà fait appel à des acteurs pornos pour son film Les idiots, en 1998, a cette fois encore demandé à des doublures de réaliser les scènes de sexe non simulées.
Eyes Wide Shut - le stylisé. Eyes Wide Shut, le film de Stanley Kubrick avec Tom Cruise et Nicole Kidman, sorti en 1999, montre une scène d’orgie, qui lui a valu le titre de thriller érotique. Une qualification contestée par certains critiques. Le film, interdit au moins de 18 ans, construit surtout une ambiance à travers la quête (sexuelle et sentimentale) d’un couple durant toute une nuit. Dans cette scène particulièrement stylisée, le sexe prend des allures de cérémonie, entre sacré et débauche, à grand renfort de masques vénitiens. Le jeu des capes et des corps nus filmés en travelling dérange et séduit à la fois. Le sexe ici devient presque irréel, comme dans un songe, à la fois attirant et repoussant.
Eyes Wide Shut (Banned Orgy Scene)par paulo5150Les valseuses, champêtre. Dans un tout autre registre, Les valseuses, film culte sorti en 1974, signé Bertrand Blier avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou, raconte le périple de deux petits truands et d’une jeune femme. Le film évoque surtout la frénésie de la libération sexuelle dans une époque marquée par 1968. Au cœur d’une scène plutôt champêtre, une jeune fille de 16 ans incarnée par Isabelle Huppert découvre la sexualité, à quatre. Loin de l’obscénité, la scène, très "nature", se révèle plutôt douce et tendre.
Parle avec elle, le surréaliste.
Le sexe a aussi beaucoup inspiré les fantasmes des réalisateurs. Quitte à atteindre des scènes complètement loufoques. Dans Vidéodrome, David Cronenberg explore les limites du sexe et pousse son personnage à faire l’amour avec sa télévision (particulièrement féminisée pour l’occasion). Quant au réalisateur espagnol Pedro Almodovar, il n’est pas le dernier à laisser libre court à son imagination, parfois au risque de déranger. Dans La peau que j’habite il filme la transformation (forcée) d’un homme en femme et son changement de sexe dans un film très troublant sur le thème du genre. Une autre scène célèbre de cinéma fantastique, tirée du film Parle avec elle, du même réalisateur, fait un joli clin d’œil à L’homme qui rétrécit (1957) : un homme devenu minuscule explore ainsi l’anatomie d’une femme allongée et s’introduit dans son sexe :
Le sexe chez Woody Allen, comique. On dit parfois que le premier organe sexuel serait le cerveau. Dans le classique de Woody Allen Everything You Always Wanted to Know About Sex *But Were Afraid to Ask (Tout ce que vous vouliez savoir à propos du sexe – et que vous n’osiez pas demander), le réalisateur évoque le plaisir provoqué par l’éjaculation avec humour dans un sketch intitulé Qu'est-ce qui advient durant une éjaculation ? De petits mécaniciens tout de blanc vêtus s’activent dans la "salle du cerveau" un peu comme à la NASA. Woody Allen raconte la pulsion érotique à travers une vision purement mécanique. Plutôt original.