Le festival. Mélangez du bœuf bourguignon, quelques accords de guitare, de l’époisses, des soupçons de rock et de variété française, et vous obtiendrez le festival des Francos-gourmandes. La troisième édition de l’événement, mélange de célébration culinaire et musicale, aura lieu cette année les 13 et 14 juin à Tournus, ville aux quatre chefs étoilés, nichée dans le sud de la Bourgogne, entre Chalon-sur-Saône et Mâcon.
Mélanger sons et saveurs. L'idée ? Allier concerts et démonstrations culinaires. Sur scène, des têtes d’affiche comme Skip the Use, Les Wampas, Louis Bertignac, ou encore Christophe Maé et Pigalle. Côté cuisine, Yves Camdeborde, parrain du festival, épaulera les chefs de Tournus, ainsi que d’autres grands noms : Pierre Augé, gagnant de l’émission Top Chef, ou la chef parisienne Flora Mikula, seule femme parmi les 30 toques blanches présentes.
Joutes culinaires. Au menu : une dizaine de concerts, ponctués de démonstrations et de joutes culinaires entre chefs, accompagnés d’artistes, transformés pour l’occasion en commis de cuisine. Si certains de ces futurs duos improvisés ne se connaissent pas, ce n’est pas le cas d’Yves Camdeborde, parrain du festival, et de François Hadji-Lazaro, chanteur du groupe Pigalle.
Interview croisée. Les deux hommes, unis par une longue amitié, se connaissent bien. L’occasion pour Yves Camdeborde et François Hadji-Lazaro de revenir sur leurs métiers respectifs, et d’en livrer leurs conceptions, ressemblances et différences. Interview croisée.
Quel est votre plat ou votre musicien préféré ?
Yves Camdeborde. “Ma madeleine de Proust, c’est Luis Mariano, j’ai gardé mon enfance dans la tête”, raconte le chef du Comptoir du relais Saint-Germain, en
fredonnant Adieu Saint Jean de Luz, mon pays, ma montagne. “Quand je sifflote, 90% du temps, c’est du Mariano. Mais mon groupe préféré, c’est celui de mon adolescence : Téléphone, avec La bombe humaine“.
François Hadji-Lazaro. “Mon plat préféré, ce sont des saucisses au vin blanc, avec ma recette secrète ! C’est la cuisine que j’aime, de la cuisine de grand-mère
traditionnelle” répond immédiatement François Hadji-Lazaro, chanteur du groupe Pigalle. “C’est comme une musique qui reste dans la tête, que j’ai plaisir à écouter”.
Y-a-t’il des similitudes entre cuisine et musique ?
François Hadji-Lazaro. “La mandoline et le piano sont les deux seuls points communs”, s’amuse le chanteur. La cuisine, comme la musique, s’appuient sur une histoire et une culture commune. On fait avec ce qu’on a dans les mains“, poursuit-il.
Yves Camdeborde. “Le travail ! Mais je refuse de dire que je suis un artiste“, prévient le chef. Avant de poursuivre : “Je suis un artisan, je répète le même geste tous les jours. C’est un travail très physique, mais même en période de grande fatigue, je garde la même passion. “
Vous serez réunis en mai pour le concert de Pigalle à Paris, pendant lequel les spectateurs goûteront les produits de plusieurs chefs et vignerons. L’alliance
entre gastronomie et musique est-elle devenue votre cheval de bataille ?
Yves Camdeborde. “Le plaisir vient des cinq sens. Et il faut bien nourrir les festivaliers ! Alors autant ajouter une dimension festive, en faisant plaisir aux oreilles et aux papilles, qu’il s’agisse des Francos-gourmandes comme lors du concert de Pigalle, répond avec pragmatisme celui qui a officié pendant trois ans dans l’émission culinaire Masterchef. “J’adhère à la démarche des Francos-gourmandes, qui met une région, la Bourgogne, en valeur. On s’appuie sur des produits et des chefs locaux, dans une ville et une région baignée par une forte identité culinaire" poursuit Yves Camdeborde.
François Hadji-Lazaro. “Cette alliance deviendra de plus en plus fréquente. A cause des crises alimentaires, des soucis financiers, il y a à nouveau un intérêt pour la cuisine“, estime le chanteur, qui a convaincu des chefs et vignerons des quatre coins de l’hexagone de participer à son concert parisien, le 15 mai prochain. “Des compétitions entre chefs, accompagnées de musiciens, sont prévues lors des Franco-Gourmandes.
Quel plat aimeriez-vous défendre ?
François Hadji-Lazaro. “Je ne suis pas sûr d’y participer, à cause d’un emploi du temps bien chargé”, déplore le multi instrumentiste. “Mais j’aimerais utiliser les légumes du printemps, et faire un plat traditionnel. Forcément, je pense au bœuf bourguignon”.
Yves Camdeborde. “J’essaie de convaincre François de faire une joute avec moi : je voudrais bien qu’il soit mon commis”, s’amuse le chef à l’accent du sud-ouest. Avant de tempérer les ardeurs du musicien : “Mais je ne suis pas tellement d’accord avec l’idée du bœuf bourguignon : les joutes durent 50 minutes, et ce plat met trois heures à cuire“. “Je serai plutôt tenté de cuisiner des grenouilles”, s’enthousiasme Yves Camdeborde, tout en mimant la préparation du plat. “Je les roulerais dans la farine, le persil, le beurre - parce que ça va bien cinq minutes la diététique ! - et plein d’ail. Avant d’éclater de rire : “En fait, j’aimerais que tout le festival sente l’ail.”
François Hadji-Lazaro. “Un festivail”, tranche, hilare, le meneur de Pigalle.
Les Francos-gourmandes, un festival en partenariat avec Europe1, du 13 au 14 juin à Tournus (Saône-et-Loire).