Partir, c'est mourir un peu. Le 14 janvier, au soir de la der des ders, Guy Bedos sentira sûrement un peu plus le poids des ans. L'ultime tournée entamée mardi passera par le théâtre du Rond-Point, à Paris. Un comble pour cet empêcheur de tourner en rond qui a marqué l'histoire de l'humour français, comme Pierre Desproges ou Thierry le Luron, partis bien avant lui mais tout aussi grinçants.
Que Guy Bedos se rassure, la relève a déjà pris le relais de l'impertinence. "Aujourd'hui, l'irrévérence est le fonds de commerce de la nouvelle génération", explique à Europe1.fr l'humoriste Jérôme Commandeur. "Les artistes comme lui, Desproges ou Le Luron ont pris de vrais risques. Ils l'ont payé par la censure, mais ils ne se sont pas abaissés" à arrêter, ajoute-t-il, "très admiratif" de ses prédécesseurs.
Marrakech, Toutes des salopes, sketches cultes
Dans les années 1960, Guy Bedos créé un (premier) scandale avec Les vacances à Marrakech, un sketch dans lequel ils campent un couple de beaufs racistes revenant de vacances. Face aux vives critiques, Bedos et Daumier présenteront leur sketch à la télé avec un préambule annonçant qu'il dénonce le racisme, et non l'encourage.
Moins de dix ans plus tard, Guy Bedos achève sa réputation avec son sketch "choc" Toutes des salopes dans lequel il feuillette une revue "hot" en lançant à tout bout de champs la phrase culte qui fait office de titre. Son impertinence et sa vulgarité de façade lui confère une place de choix parmi les humoristes censurés, comme Thierry le Luron ou Coluche.
Aujourd'hui, Stéphane Guillon a pris officiellement le relais. L'humoriste, révélé par ses passages remarqués à Canal + et France Inter, s'est autoproclamé disciple de Guy Bedos. Une filiation que l'on peut percevoir dans le ton et dans l'écriture, acerbes, mais aussi dans les procédés. C'est le cas du Bottin, de Guy Bedos.
Un spectacle "anti-sarkozyste"
Comme son humoriste préféré, Stéphane Guillon a utilisé un dictionnaire comme socle d'un sketch. Au Pages blanches de Guy Bedos, Stéphane Guillon lui répond par un dictionnaire des noms propres de 2030. On y trouve Jean-Marie Bigard, "poète romantique" ou encore Vincent Lindon, un "ancien myopathe qui s'en est sorti".
Pour son dernier spectacle, Guy Bedos ressort évidemment son costume de vieux réac, qui plaira à Guillon et amusera son fils, Nicolas Bedos, qui a aussi pris le relais de son père avec ses chroniques décapantes et son ton direct.
Il alterne ses sketches légendaires et une redoutable revue de presse, sa marque de fabrique. "Le spectacle sera anti-sarkozyste", avait-il confié avant l'été à Laurent Ruquier dans On n'est pas couché. Pas vraiment socialiste, mais franchement pas de droite, Guy Bedos n'a jamais épargné aucun homme politique. Ça ne va pas changer, au moins jusqu'à la tombée du Rideau !
Guy Bedos, Rideau !, en tournée jusqu'au 5 mai dans toute la France.