Paco Rabanne n'était pas à une excentricité près. Couturier visionnaire et grand nom de la mode, le Franco-espagnol, décédé ce vendredi en Bretagne à l'âge de 88 ans, n'hésitait pas à défrayer la chronique au travers de déclarations extravagantes. Sa sortie la plus mémorable restera certainement sa prédiction de l'apocalypse en 1999 à travers un livre baptisé 1999, le feu du ciel. S'appuyant sur les écrits de Nostradamus et sur une "vision" qu'il aurait eue dès l'âge de 17 ans, il assurait que la station spatiale russe Mir s'écraserait sur Paris ainsi que dans le Gers à l'occasion de l'éclipse totale du soleil qui devait intervenir le 11 août de cette année-là.
Devant cette prédiction absurde, le Conseil général du Gers avait même décidé d'attaquer en justice le couturier. Pas de quoi impressionner l'intéressé qui, au micro d'Europe 1 en juin 1999, renouvelait ses propos. "Soyez à l'écoute des informations des radios. Et si on vous dit que tel jour à telle heure la station Mir va tomber dans le Pacifique, ne le croyez pas et allez loin de Paris", lançait-il.
"Je reçois une centaine de lettres par jour mais aucune lettre d'insultes"
Et de poursuivre en justifiant ses dires : "Ce n'est pas moi qui ai inventé cela. C'est depuis 500 ans dans les écrits de Monsieur de Notre Dame. Ils disent que le feu du ciel tombera sur ces villes. Et je veux dire aux gens du Gers que j'adore cette région. La Gascogne, j'y vais souvent, c'est la meilleure cuisine du monde. Donc j'y retournerai après ces évènements mais sûrement pas en août. Je ne suis pas suicidaire quand même".
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Sur Europe 1, le couturier reconnaissait pourtant les préjudices que lui avaient porté ses écrits grandiloquents. "Dans mon entreprise, ils sont mécontents, furieux. Ils disent que je porte tort à la société". Mais il assurait aussi que son livre n'avait pas déclenché le tollé annoncé. "Depuis que j'ai écrit ce bouquin, qui est très controversé, je reçois une centaine de lettres par jour mais aucune lettre d'insultes. Les gens me disent que j'ai beaucoup de courage de dire ça."
Des excuses publiques en octobre 1999
Paco Rabanne avait également convoqué le souvenir du nuage radioactif de Tchernobyl pour justifier son étrange récit. "Tout le monde se tapait sur les cuisses en rigolant à l'époque en disant que le nuage de Tchernobyl ne rentrerait pas en France", avançait-il. "De la même façon que le poulet à la dioxine belge ne devait pas venir en France... Ça fait partie du même système de désinformation."
Sur Europe 1, l'icône de la mode promettait néanmoins de faire "amende honorable" si sa prophétie venait à ne jamais se produire. "Je n'espère que me tromper", soufflait-il également. Chose promise, chose due puisqu'en octobre 1999, deux mois après la catastrophe qui devait réduire Paris en cendres, il adressait son mea culpa dans les colonnes de Paris Match. "Je vis depuis le 11 août avec le sentiment d'avoir fait une chose démesurée et j'en reçois le paiement (...) J'ai publiquement demandé pardon à ceux que j'ai induits en erreur. Et je dis, je redis, que je le regrette. Et que je le regretterai toujours".