C'est un rapport alarmant, que vient de publier l'organisme Bruitparif. A cause du bruit des transports, les habitants des zones les plus denses d'Ile-de-France (la métropole du Grand Paris et 13 autres agglomérations, soit 10 millions de personnes) peuvent perdre jusqu'à trois ans de vie en bonne santé. Les impacts du bruit dépassent en effet largement le cadre de la qualité de la vie.
Jusqu'à trois ans de vie en bonne santé perdus. A la lecture de ce rapport, on conclut qu'il ne fait pas bon habiter en Ile-de-France... En moyenne, celui qui vit au cœur de Paris perd onze mois de vie en bonne santé, essentiellement à cause du bruit de la circulation routière. Dans certaines communes, cette perte peut aller jusqu'à 3 ans, quand s'ajoute au bruit de la route celui des trains et des avions, comme dans les environs des aéroports d'Orly, de Roissy ou du Bourget.
Car on le sait maintenant, le bruit induit des troubles du sommeil, de la gêne et de la fatigue. Autant de facteurs qui ont des impacts parfois graves sur la santé, explique Fanny Miette-Licky, présidente de Bruitparif. "Il y a aussi, derrière, des maladies cardiovasculaires, puisque le bruit est un facteur de stress, et donc peut entraîner de l'hypertension, des risques accrus de faire un infarctus du myocarde..." Elle dénonce également "des retard dans les apprentissages pour les enfants qui sont exposés au bruit en milieu scolaire."
Les 400 000 personnes vivant près des aéroports particulièrement exposées. Ainsi, 90% des habitants de cette zone dense de l'Ile-de-France vivent à des niveaux de bruit supérieurs aux recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé. Mais les plus exposés restent les 400.000 personnes proches des aéroports. On sait en effet qu'une succession de pics sonores liés au passage des avions est plus dangereuse que le flux continu de la circulation routière.
"Les vitres tremblent". Un reporter d'Europe 1 est allé à la rencontre des habitants d'Ablon-sur-Seine, près d'Orly. Vivre là-bas, c'est vivre avec un bruit de fond partout, et tout le temps. Il y a l'écho du RER qui traverse la commune, mais c'est surtout du ciel que vient la pollution sonore. "Il arrive que les vitres tremblent parce que les avions ne respectent pas leur couloir aérien. On est obligé de s'enfermer, hélas", explique Gilles, un riverain.
Pourtant, le bruit est plus qu'une simple nuisance à laquelle il faut s'habituer. Ablon fait en effet partie de ces communes où la population perd trois ans de vie en bonne santé. Théo n'en revient pas "On se pose des questions. C'est tout le temps comme ça. Là, par exemple, on va être obligé d'élever la voix, parce qu'un avion passe juste au dessus de nous".
"C'est l'enfer". A 82 ans, Azzedine se rend compte qu'il perd trop souvent son calme. "Le bruit m'énerve, je deviens méchant. C'est l'enfer pour nous ici. On est obligé de supporter". Quant à déménager, impossible, soupire-t-il : "c'est trop tard, et je n'ai pas les moyens".