David Foenkinos : "L’expérience de la mort a totalement changé ma vie"

David Foenkinos vient de publier Vers la beauté, aux éditions Gallimard.
David Foenkinos vient de publier Vers la beauté, aux éditions Gallimard.
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Pauline Darvey , modifié à
David Foenkinos vient de publier Vers la beauté, aux éditions Gallimard. Un roman qui raconte l'histoire d'un professeur aux Beaux-Arts qui quitte sa vie du jour au lendemain pour devenir gardien de salles au musée d'Orsay. Une manière pour l'écrivain de questionner à nouveau la mort mais aussi la consolation par la beauté. 
INTERVIEW

"La beauté sauvera le monde." Dostoïevski en était persuadé. David Foenkinos, aussi. "J’y crois vraiment, assure l’écrivain, invité de l'émission d'Isabelle Morizet, Il n'y a pas qu'une vie dans la vie. Evidemment, je ne peux pas dire que ça va sauver toute l’humanité, loin de là. Mais à certains moments, aller se réfugier dans la beauté peut consoler."

"Il quitte tout du jour au lendemain". C'est ce que tente de faire Antoine Duris, le personnage principal de Vers la beauté, le dernier roman de David Foenkinos. Professeur aux Beaux-Arts de Lyon et auteur d’une thèse sur Modigliani, il décide de tout quitter… pour devenir gardien de salles au musée d’Orsay.

"On ne sait pas pourquoi au début, précise l'auteur. Mais Antoine a envie de se réfugier dans cet endroit qui le touche particulièrement. Il a le sentiment que face à une œuvre d’art, il n’est pas jugé. Il y a une forme de compréhension silencieuse, comme un partage de la mélancolie."

"J'ai fait l'expérience du tunnel". Le héros se laisse absorber par la beauté des œuvres du musée. Adolescent, ce n'est pas dans les œuvres d'art que David Foenkinos a trouvé du réconfort mais dans les livres. "Ce thème de la consolation par la beauté a une résonance extrêmement personnelle pour moi, confie-t-il. J'ai été très gravement malade à l’âge de 16 ans et j’ai passé des mois à l’hôpital." Pendant cette période, il se plonge dans la lecture. Un plaisir nouveau pour lui. "Je n'avais rien lu avant, confirme-t-il. Et j’ai le sentiment que l’accompagnement des livres, la découverte même de la lecture puis après de l’écriture a changé ma vie et m’a sauvé d’une certaine manière."

A cette même période, il fait une autre expérience fondamentale : celle de la mort. Il souffre d'une très grave infection de la plèvre qui nécessite une opération du cœur. "J’ai rencontré la mort, je l’ai vue, je l'ai tutoyée, assure-t-il. J’ai connu cette expérience du tunnel et du retour à la vie. C’est quelque chose qui m’a absolument transformé, qui a fondamentalement changé ma vie. Je suis revenu avec une énergie de vie bien supérieure. Peut-être avec un désir de connaissance du monde, de jouissance, de curiosité, de sensualité décuplé."

"La mort me hante". Et sans doute un désir d'écriture. "Je me suis rendu compte plus tard que ce que j’ai éprouvé là n’a cessé de hanter toute ma vie créative", analyse l'écrivain. La mort est au cœur de la plupart de ses romans. Comme dans La Délicatesse, où une femme apprend à se reconstruire après la mort de son mari. Ou dans Charlotte, un livre qui raconte la vie de l'artiste Charlotte Salomon, une artiste morte à Auschwitz.

Le dernier roman de David Foenkinos n'échappe pas à la règle. Le lecteur comprend petit à petit que le drame du héros est lié au destin funeste d'une jeune femme. Un destin qui entre en résonance avec l'une des œuvres du musée : le portrait de Jeanne Hébuterne, la compagne et la muse de Modigliani. "Finalement serait-il si incongru qu'un tableau puisse porter en lui les vibrations de la personne peinte ?", s'interroge l'auteur. La suite... dans le livre !