1984. Etienne Daho connaît un succès monstre avec son deuxième album La notte, la notte. C'est sur ce disque que figure Si je m'en vais avec toi, son premier duo avec Françoise Hardy. Mais cela fait déjà de nombreuses années que le jeune auteur-compositeur-interprète rennais admire la chanteuse de Mon amie la rose. Un coup de foudre artistique qui fera naître une longue amitié, comme l'explique Etienne Daho lundi au micro de Stéphanie Loire sur Europe 1, à l'occasion d'un numéro spécial de l'émission Musique! consacré à ses 40 ans de carrière.
"Quand j'ai entendu la voix de Françoise Hardy, je suis tout de suite tombé amoureux. C'était sur Europe 1, d'ailleurs", sourit Etienne Daho. "Je me souviens exactement de l'endroit où quand j'ai entendu sa voix. C'était en Algérie, c'était dans la maison de mes grands-parents, une maison au bord de la mer dans un petit village qui s'appelle le cap Falcon, où il y a quatre baraques et la plage. Et j'écoutais sa voix. C'était une chanson qui s'appelle Pourtant tu m'aimes, qui n'est pas du tout connue. Et tout de suite, j'ai été complètement captivé par sa voix."
Un "adoubement" sur répondeur à cassettes
Quand le futur chanteur, encore enfant, rentre en France, il guette chacune des apparitions de sa nouvelle idole à la télévision. "Je la trouvais sublime. J'étais subjugué par sa mystique", se souvient-il. Plusieurs années plus tard, Etienne Daho publie Mythomane, son premier album. C'est à l'occasion de la promotion de ce premier disque qu'il croise pour la première fois Françoise Hardy.
"Notre rencontre s'est jouée dans une radio. Elle faisait une émission et moi aussi. En passant devant un studio, j'ai vu qu'elle était là. Et je l'ai attendue pour lui dire bonjour", détaille l'artiste. "Je lui ai serré la main. J'ai dû la broyer tellement j'étais nerveux ! Mais, visiblement, elle ne m'en a pas voulu."
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Grand timide, Etienne Daho se garde bien de dire à Françoise Hardy qu'il veut travailler avec elle. Mais le chanteur Jacno, ami commun aux deux artistes, parle d'Etienne Daho à Françoise Hardy. "Ensuite, j'ai enregistré la chanson Si je m'en vais avant toi et je l'ai envoyée à Françoise Hardy", poursuit Etienne Daho. La chanteuse lui laisse avec un message sur son répondeur pour lui dire qu'elle accepte le duo. "À l'époque, c'étaient des répondeurs à cassettes", rappelle l'auteur-compositeur-interprète. "Je l'ai réécoutée un million de fois. J'étais tellement fier et heureux ! C'était un adoubement."
Au-delà de son coup de foudre pour la voix de Françoise Hardy, c'est toute sa génération d'artistes français qu'elle représentait (aux côtés notamment de Jacques Dutronc) que le jeune Etienne Daho admirait alors. "C'était la perfection pour moi : la musique, l'attitude, la désinvolture, le talent, la beauté. Tout", s'émeut-il encore aujourd'hui. Et cette génération, non content de l'adouber en tant qu'artiste, va également l'adopter comme un ami.
Un Noël chez les Dutronc
"Ils m'ont confronté dans le fait qu'il fallait prendre énormément de distance avec le fait que, quand on est débutant, on est un peu grisés par tous les gens qui vous découvrent et qui vous trouvent bien", analyse-t-il. "Pour moi, ils étaient vraiment des stars. Il n'y avait pas mieux. Et pourtant, ils étaient normaux. Enfin, ils n'étaient absolument pas normaux. Mais ils avaient une vie normale."
"C'était une vraie famille pour moi", complète Etienne Daho. "J'ai passé un Noël à quatre avec Jacques Dutronc, Françoise Hardy et Thomas, qui était tout petit. Il y a eu des moments comme ça d'intimité. Je me suis senti faire partie de leur famille. Et ça, ça a vraiment compté pour moi."