Après huit films, 450 millions d'exemplaires vendus à travers le monde, plusieurs hors-séries, des e-books, la traduction française de la nouvelle pièce de théâtre, Harry Potter et l'enfant maudit, sort en librairie vendredi, parfois dès minuit. Et dans les files d'attente, on devrait retrouver des fans parfois très jeunes qui ont pris l'histoire du célèbre sorcier en cours de route. Comment l'univers de Harry Potter parvient-il à séduire tous les âges ?
Des films qui rendent la saga accessible même aux plus jeunes. Si la génération des 25-30 ans a découvert Harry Potter avec le premier livre et a grandi avec lui, ce n'est pas le cas des plus jeunes fans qui avaient 6 ou 7 ans à l'époque. À cet âge, difficile de lire les gros romans qui constituent la base de la série. Ils ont donc commencé par voir les films, comme Hélène, 19 ans aujourd'hui, et fervente collectionneuse de produits dérivés.
"J'ai découvert Harry Potter avec le quatrième film tout à fait par hasard", explique-t-elle. "Et à partir de ce moment-là, je les ai tous vus au moment de leur sortie. J'ai tout de suite aimé la magie, l'univers très complexe et les personnages. Je me suis vraiment plongée dans l'univers quelques années plus tard et depuis quatre ans, je tiens une chaîne Youtube sur le sujet." Une véritable communauté de fans s'est développée sur Internet, et où d'ailleurs Hélène a rencontré ses meilleurs amis.
Une forme d'initiation entre générations. Le plus souvent, les plus jeunes fans sont guidés vers l'univers magique par des proches. "J'ai l'impression d'avoir toujours connu Harry Potter parce que ma famille était déjà fan avant ma naissance", raconte Claire qui n'a eu qu'à se mettre au diapason de la passion familiale.
Chez Élora aussi,Harry Potter est une histoire de famille. C'est dans la collection de DVD de son frère aîné que la jeune fille de 15 ans a découvert cette saga. Depuis cinq ans, Élora reconnaît que cela les lie l'un à l'autre.
Dans le cas de Pauline, c'est son meilleur ami qui lui a fait découvrir le monde merveilleux des sorciers. "J'avais environ dix ans et à chacun de ses anniversaires, il m'emmenait au cinéma. Et cette fois-là, on est allés voir HarryPotter. Mes parents et mes soeurs avaient déjà lu les romans mais c'est comme ça que j'ai été initiée. C'est seulement après que j'ai vu les premiers films en cassettes vidéo."
Des intrigues intemporelles. "C'est un univers indémodable. J.K. Rowling a réussi à toucher autant les adultes que les enfants alors qu'il s'agit de littérature jeunesse au départ", affirme Hélène la collectionneuse. Ce qui plaît tout particulièrement aux lecteurs, c'est que le personnage grandisse au cours de la série, explique Nelly Chabrol Gagne, enseignante chercheuse à l'université Clermont-Ferrand à L'Express. C'est là l'un des coups de génie de l'auteur puisqu'Harry est le premier personnage dont on suit les aventures au fil des ans. Dans le premier tome, il a 11 ans et 37 ans dans le nouvel opus Harry Potter et l'enfant maudit.
Pour de nombreux fans, le succès et la qualité littéraire des romans fait sans hésitation entrer la saga dans la famille des "grands classiques". "Si on lit encore Balzac et Maupassant aujourd'hui et qu'on étudie aussi les Harry Potter à l'école aujourd'hui, je suis sûre que dans quinze ans, on les lira encore", affirme Léna, 15 ans.
Un suspense sans cesse relancé. Pour Hélène, l'un des secrets du succès, ce sont aussi les sorties régulières de nouveautés que l'on n'attendait pas. "Depuis les derniers films, on pensait que l'histoire était terminée, on n'en parlait plus trop. Et puis avec la sortie du spin-off [le film Les animaux fantastiques, basé sur un livre hors-série] et la pièce de théâtre, la machine est relancée. Un peu comme la saga Star Wars."
Eddie Redmayne est le héros des Animaux fantastiques :
Il faut reconnaître que l'auteur maîtrise à la perfection les effets d'attente et de surprise. Elle produit sans cesse de nouveaux contenus, ne serait-ce que sur la plateforme Pottermore qu'elle alimente de nouvelles inédites. En réalité, J.K. Rowling aurait du mal à se détacher de ses propres personnages qui le lui rendent bien. Quinze ans après la parution du premier tome des aventures de l'apprenti sorcier, le succès est toujours au rendez-vous.