Hergé et Tintin, deux identités inséparables. Dans l'exposition consacrée au dessinateur, au Grand Palais à Paris du 28 septembre jusqu'au 17 janvier, il est évidemment question du petit reporter et de son fidèle chien. Mais le parcours proposé par l'institution va bien au-delà, donnant à voir un Hergé féru d'art contemporain, amateur de peinture, publicitaire et marqué par le septième art.
Le peintre amateur d'art. L'exposition Hergé au Grand Palais s'ouvre sur une surprise. Le visiteur débute l'exploration de l'univers du Belge par deux salles où l'on découvre une facette méconnue du dessinateur belge. Sur les murs et dans les vitrines, peu ou quasiment pas de Tintin ; à la place, des œuvres d'art contemporain et des peintures signées Hergé qui rappellent les toiles de Poliakof ou encore celles de Klee.
"Composition sans titre", Hergé, vers 1960 © Hergé/Moulinsart 2016
S'il s'est essayé à l'art conceptuel, Hergé a également été un collectionneur. On découvre ainsi des fonds de sa collection privée : des sérigraphies de Roy Lichtenstein et d'Andy Warhol, une peinture de Jean Dubuffet ou encore un dessin de l'artiste abstrait Auguste Herbin. Un aspect peu connu de l'artiste qui permet de voir son oeuvre, et notamment sa série des Tintin, sous un jour nouveau.
Le publicitaire. Dans les années 1930, alors que Les aventures de Tintin commencent tout juste à être publiées dans le supplément Le Petit Vingtième, L'Atelier Hergé-Publicité voit le jour. En dehors de la BD, le dessinateur se consacre donc à la publicité avec un associé. Une expérience qui le servira tout au long de son travail sur Tintin. Pour créer l'oeuvre du reporter, Hergé ré-emploie les principes essentiels des publicités qu'il a réalisées : efficacité du message, simplicité du trait et gestion des blancs ainsi que de l'espace.
"La Tente", Hergé, 1936 © Hergé/Moulinsart 2016
Passionné de cinéma ? Impossible de savoir si Hergé était un cinéphile mais, assurément, le Belge a été influencé par le cinéma. Un des textes de l’exposition le définit même comme "le dessinateur d'une caméra obscura graphique", reliant les blancs et les noirs dans les BD des débuts aux œuvres de Charlie Chaplin, Fritz Lang ou encore Orson Welles.
"Les aventures de Tintin. Tintin et l'Alph-Art", Hergé, 1978-1982, © Hergé/Moulinsart 2016
Plus que sa gestion des teintes, c'est aussi le sens du découpage qui semble unir l'artiste au septième art. Preuve en est, un extrait de l'émission Les rendez-vous du dimanche, présenté par Michel Drucker en décembre 1976. Invité du programme, le cinéaste Yves Robert explique, face à Hergé, qu'une planche de Tintin et les Picaros lui rappelle Alfred Hitchcock. Le réalisateur de La Guerre des boutons se plie ensuite, case par case, à une analyse cinématographique détaillée des dessins pour justifier son assertion, comme s'il s'agissait d'un story-board.
L'exposition "Hergé" au Grand Palais, du 28 Septembre 2016 au 15 Janvier 2017.