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Jean-Christophe Rufin évoque son polar : "J’avais envie de partager mon expérience de diplomate"

Aurélie Dupuy - Mis à jour le . 2 min

Dans "Le suspendu de Conakry", l'auteur met en scène un nouveau personnage, un diplomate assez lunaire. Et raconte, par la fiction, ce qu'il a pu vivre quand il était ambassadeur au Sénégal.

Il est romancier, académicien, mais a été aussi médecin et même ambassadeur au Sénégal. De ce CV étoffé, c'est la carte de diplomate qui a le plus servi à Jean-Christophe Rufin pour l'intrigue de son nouveau roman, Le supsendu de Conakry, sorti le 28 mars. Invité dans l'émission La voix est livre , samedi, l'auteur, distingué du Prix Goncourt en 2001 pour Rouge Brésil, a expliqué que sa nouvelle intrigue, tout comme son nouveau héros, n'étaient pas sans points communs avec son passé.

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Un loser aussi intelligent qu'attachant. L'ouvrage débute par une scène sombre et mystérieuse. Dans la marina de Conakry apparaît la silhouette d'un homme pendu par les pieds au sommet du mât de son bateau de plaisance. Dans cette ambiance de polar digne du Mystère de la chambre jaune débarque alors le héros du livre : Aurel Timescu. Qui se révèle davantage être un anti-héros : l'homme, d'origine roumaine est mal fagoté et alcoolique sur les bords. Pourtant, il est aussi consul de France en Guinée sans avoir l'étoffe du poste. "Il est au placard depuis toujours, est diplomate comme moi, je suis pape", raconte l'auteur. "Il est entré là un peu par hasard par le biais de son mariage qui n’a pas duré longtemps. Ce que j’aime dans ce personnage, c’est que derrière le loser apparent, il y a du talent, quelque chose qui se révèle."

Aurel est certes un raté, mais un raté aussi attachant qu'intelligent. Et quand le meurtre de la marina est commis, il se meut en une sorte de Colombo. Aurel Timescu ne se satisfait pas de l’hypothèse simpliste apportée par les autorités. "Habité par une idée de justice, il se met à faire l’enquête lui-même." 

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Entendu sur europe1 :
On a tous un Aurel en nous, un personnage qui n’est peut-être pas solaire mais qui est intérieur, qui est la part affective et lunaire de nous-mêmes.

"Une intrigue largement inspirée de faits réels". Si Jean-Christophe Rufin n'a pas directement enquêté sur des affaires judiciaires en tant qu'ambassadeur, il explique néanmoins avoir été confronté à des situations similaires quand il était en poste. "Dans les pays où la communauté française est nombreuse, il y a tout le temps des gens qui se retrouvent disparus, volés, assassinés, qui ont perdu leurs papiers… C’est le cœur du travail diplomatique dans ces régions-là. J’avais envie de partager cette expérience accumulée comme diplomate. Cette intrigue est largement inspirée de faits réels mais je ne pouvais pas le faire comme un récit parce que je suis tenu à une forme de devoir de réserve."

Le personnage d'Aurel, qu'il espère voir devenir récurrent , n'est d'ailleurs, selon son propre aveu, pas si éloigné de lui : "Il se balade à ma place. On a tous un Aurel en nous, un personnage qui n’est peut-être pas solaire mais qui est intérieur, qui est la part affective et lunaire de nous-mêmes. Je me reconnais en lui."