Le dessin est son arme pour faire comprendre, pour réconcilier. Dans l'édition datée de mardi du Monde, Plantu rend hommage à Arnaud Beltrame, le lieutenant-colonel décédé dans l'attaque terroriste du supermarché de Trèbes. Invité dans l'émission Village Médias, trois jours après les événements, le dessinateur a analysé son croquis à l'antenne d'Europe 1. Il insiste aussi sur la nécessité de faire de la pédagogie dans les écoles pour réapprendre le vivre ensemble disparu.
"Il tend la main... On sent qu'il peut tomber". Le dessinateur du Monde depuis 1985 a mis le gendarme héroïque en une, assorti d'une citation de Victor Hugo. "Dans ces cas-là, je cherche quelque chose de lyrique, dans les couleurs d'abord. J'ai mis de la peinture à l'huile. je sentais le besoin de rendre hommage au gendarme". Il a ainsi utilisé "le bleu du gendarme, le bleu de son col et de sa cravate, le képi noir...", indique-t-il avant de décrire le trait : "Il va pour aider, il tend la main, il est lui-même sur une main, on sent qu'il peut tomber dans le vide. Le dessin est silencieux mais il suggère et à la fois, il y a la citation de Victor Hugo 'C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté'. C'est une belle citation qui peut servir aujourd'hui pour lui rendre hommage."
✏️ Notre invité @plantu nous dévoile en avant-première le dessin qu'il consacre à #ArnaudBeltrame et à l'attentat dans l'Aude.
— Village Médias (@VillageMedias) 26 mars 2018
À retrouver aujourd'hui en une du @lemondefr daté de mardi#VillageMediaspic.twitter.com/mAp2sf2c5I
Le dessinateur fait aussi un constat, sur le monde actuel. Il s'inquiète pour l'avenir du dessin de presse qui va de pair, selon lui, avec la place de l'opinion dans la société. "Aujourd’hui, avoir une opinion franche, réelle, spontanée et même frontale, c’est de plus en plus interdit. Les peurs se sont installées et mon travail de Cartooning for peace (l'association qu'il a créée, ndlr), c’est de continuer, avec mes copines et copains dessinatrices et dessinateurs, à raconter ce qu’est une image. Le dessin est dans le prolongement de ce que l’on a envie de faire vibrer : des sentiments, la vie de tous les jours", explique-t-il.
"Il faut retourner dans les écoles". Depuis le drame de Charlie Hebdo, lui aussi vit en permanence avec deux policiers à ses côtés. "Des malentendus se sont installés. Raison pour laquelle il faut retourner dans les écoles. Je ressens ce racisme. Je vois pas mal de jeunes qui disent 'on est stigmatisé' (...) Ça fait drôle. Nos démocraties basculent. On n’a pas pris la mesure de la réflexion qu’on doit avoir aujourd’hui. Il faut tout reprendre", insiste-t-il. "Il y a des communautés qui ne se supportent plus. Des ghettos se sont installés un peu partout."