Il a réalisé son rêve de gosse. En 2014, Gad Elmaleh s’est envolé de l’autre côté de l’Atlantique pour tenter l’aventure américaine. Bien loin de sa notoriété en France, l’humoriste a dû repartir de zéro pour se faire un nom sur la scène du stand-up, dans une langue qu’il était alors loin de maîtriser. Après des débuts difficiles, Gad Elmaleh a réussi à percer, sillonnant les Etats-Unis pour une tournée de plus de 160 dates.
Mais tout n’a pas été rose pour autant, entre difficultés à maîtriser la langue et éloignement avec ses proches. Invité d’Europe 1 samedi, il a raconté cette folle aventure au micro d’Isabelle Morizet.
"J’ai joué dans des caves où on écorchait mon nom et où j’étais payé 100 dollars"
Pour Gad Elmaleh, tout est parti d’un rêve d’enfant. "C’était le challenge absolu, pour sortir du confort et des salles remplies en France. J’en rêvais depuis tellement longtemps, j’en avais envie alors je l’ai fait", assure-t-il. Totalement inconnu aux États-Unis, il doit complètement se réinventer pour séduire le public américain. "J’ai créé du matériel spécifique pour les États-Unis qui comportait le récit de ce voyage. Il fallait que je leur raconte ce que je voyais en tant que Français. Il faut avoir une spécificité quand on est humoriste aux États-Unis".
Et comme tout humoriste qui débute, il a d’abord commencé dans de petites salles, bien loin des immenses enceintes qu’il remplit régulièrement en France. "J’étais vraiment dans des villes qui ne sont pas les métropoles de la côte ouest ou est. Parfois, il y avait des salles avec 100% d’Américains et aucun expatrié. J’ai joué dans des centres commerciaux, dans des comedy clubs. Je suis descendu dans des caves où on écorchait mon nom et où j’étais payé 100 dollars pour quatre passages. Je m’en souviendrais toute ma vie, mais ces 100 dollars je les aimais beaucoup", se souvient-il.
"Parler en anglais et parler anglais ce n’est pas la même chose"
Puis, petit à petit, Gad Elmaleh se fait un nom. Il débute alors une tournée dans tous les États-Unis, où le choc des cultures n’est jamais très loin. Premier exemple : les thèmes abordés dans ses spectacles diffèrent entre les deux pays. "Il y a cette crispation aux États-Unis même quand on parle du couple et de la sexualité. En France, ça peut être l’argent, et on n’ose pas rire de ça ou avec ça", raconte-t-il.
Autre écueil : la langue. "Parfois je faisais la même blague deux soirs de suite, mais un jour elle fonctionnait et pas le lendemain. Ma professeur d’anglais est alors venue voir mon spectacle, et elle m’a expliqué que je n’avais placé l’accent sur la bonne partie du mot, donc les gens ne comprenaient pas et ne riaient pas. Dans la comédie, il faut que ce soit immédiat. Elle m’a appris ça, il m’a fallu beaucoup de temps et du travail", ajoute-t-il.
Ses proches lui manquaient trop
Gad Elmaleh se fait alors un nom dans le milieu du stand-up et est même invité en 2018 au prestigieux talk-show de Jimmy Fallon, une institution aux États-Unis. Mais l’éloignement avec la France et ses proches commence à lui peser. "J’ai compris que ce n’était pas une fin en soi en sortant du talk-show de Jimmy Fallon, que je rêvais de faire. Je suis rentré à la maison et j’ai fait un FaceTime avec mon enfant, qui avait cinq-six ans, et je ne pouvais pas partager ça. Puis j’ai appelé mes potes pendant une heure ou deux. Je me suis dit que je fais ce que j’aime, mais que je ne suis pas heureux parce que je suis trop loin d’eux. Je suis rentré aussi pour ça", se souvient-il.
"C’est abrupt les États-Unis. Là-bas c’est très carré, il y avait parfois une rigidité qui ne me convenait pas", ajoute-t-il, sans regretter le moins du monde son aventure américaine. Gad Elmaleh a terminé sa tournée au prestigieux Carnegie Hall, à New York. Un spectacle en anglais, intitulé American Dream, et une série comique intitulée Huge in France, sont également sortis sur Netflix.