Il a 84 ans, mais dès qu'il évoquait la cuisine de sa mère, c'était un petit garçon émouvant qui était l'invité de La Table des bons vivants. Pierre Perret, qui sort un nouvel album intitulé Humour Liberté, a fait part ce samedi de sa personnalité de gastronome au micro d'Europe 1.
"Jusqu'à ce que ce soit parfait". Brandade de morue, gibelotte de lapin... sa mère pouvait faire ce qu'elle voulait, à entendre Pierre Perret, "c’était un grand bonheur", bien qu'elle ait appris à cuisinier sur le tard, "quand elle s’est mariée, nécessité fait loi", précise le chanteur. "Quand je rentrais de l’école, de loin, je sentais les fumets de ce qu’elle était en train de faire. Quand je montais l’escalier, elle trempait un petit croûton dans la sauce et elle me disait 'goûte'. Elle me regardait et elle attendait vraiment le verdict", se souvient le chanteur. En fonction de ce que disait l'enfant, "elle rectifiait jusqu’à ce que ce soit parfait. Mais déjà, c’était plein de goût. Et ce sont des goûts d’enfance qui me sont restés", ajoute-t-il.
"Ma canne à mouche". Sans doute grâce à cette éducation culinaire, le musicien est aussi auteur de livres de cuisine, dont Le Perret gourmand. Au détour d'une question d'auditeur, il livre d'ailleurs un petit secret jamais dévoilé sur aucune de ses pages : "Il faut mettre un jarret dans le pot au feu. Ça donne une onctuosité." Même dans ses loisirs, la gastronomie n'est jamais loin. Amoureux de l’Irlande, où il a une maison, le chanteur s'adonne à la pêche au saumon. "Je cours les rivières avec ma canne à mouche. Cette année, j’en ai pêché une petite dizaine", confie-t-il, aussi fier de ce petit exploit que d'avoir désormais plus de trente écoles à son nom : "Je n’arrive pas à y croire !"
Le questionnaire des bons vivants
Pour mieux le connaître côté fourchette, le chanteur est passé sur le gril des interrogations de Laurent Mariotte :
Le goût de votre enfance ?
L'un des plats les plus réussis de maman, c'était un lapereau aux oignons et aux câpres. C'est ma madeleine de Proust. Il faut que ce soit mijoté à point. C'est très important d'arriver entre le doré et le brun.
Votre plus beau repas, dans le sens inoubliable ?
C'est le soir du passage de 1999 à 2000. C'était la panique, il y avait la tempête dehors. Il n'y avait pas d'électricité, on ne se voyait pas à un mètre. J'avais plein d'invités : Alain Decaux, Michel Rocard...que des copains très proches. Mais c'est moi qui avait fait la cuisine et j'étais un peu fébrile. On s'apprêtait à déguster un Romanée-Conti 1900. Je n'ai jamais goûté de vin meilleur. Quand j'ai décanté la bouteille et que je l'ai mis dans la carafe, tout le monde était suspendu à mon geste et encore plus quand j'ai commencé à tourner le vin au fond de mon verre tulipe. Tout le monde me regardait pour savoir si elle n'était pas morte, si ce n'était pas une horreur. Heureusement, c'était l'explosion du bonheur. Plus personne ne parlait. J'avais accompagné ça d'un modeste chapon recouvert de truffes. Il était noir comme les sept péchés capitaux. A la fin, on était un peu à court de vin, parce qu'on était quand même une dizaine. Alors, j'ai fin avec un Petrus 1961 !
Votre pire repas ?
C'était à la caserne. On mangeait des raves. Et un copain a voulu absolument me faire boire un verre de vin et j'ai eu l'incendie de l'estomac pendant une semaine. J'ai cru que je n'avais plus de boyaux.
Le plat que vous ne pouvez pas manger ?
Le plat de la vengeance, parce qu'il se mange froid.
Le plat que vous emmèneriez sur une île déserte ?
Mon cassoulet. Je fais ma saucisse parce que je mets 95% de maigre. Et je la fait avec des porcs noirs des Pyrénées. Je fais mes couennes, je les dégraisse, je les rase. Je sème mes haricots Tarbais tous les ans. J'en fait une cinquantaine de kilos au jardin. Je mets du confit d'oie et pas du confit de canard, dégraissé ensuite.
Quel est votre mot préféré en cuisine ?
Mijoter.
Le mot de la F-A-I-M ?
C'est trop bon.