Leurs personnages ont du mal à se supporter mais s'aiment pourtant profondément... Dans Tout va bien, Nicole Garcia et Virginie Efira incarnent respectivement Anne, matriarche de la famille Vasseur, et Claire, sa fille aînée. Toutes les deux se sont éloignées depuis longtemps et ne se voient plus que pour les anniversaires et les fêtes de fin d'année, jusqu'au jour où tout bascule...
Rose, la fille de Marion, cadette des Vasseur, tombe gravement malade. Atteinte d'une leucémie, la fillette de 9 ans est hospitalisée et doit subir une greffe de moelle osseuse. Face à ce drame, sa tante Claire et sa grand-mère Anne sont obligées de se voir beaucoup plus souvent, pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Contrairement à Anne, gourou du développement personnel qui clame dans ses livres vendus à des millions d'exemplaires, qu'être heureux, ça s'apprend, Claire, elle, préfère accepter le malheur. Véritable pilier de la famille, aux petits soins pour sa nièce, le personnage de Virginie Efira s'oublie, sous le regard impuissant de sa mère Anne, qui voit elle-même ses certitudes voler en éclats... Car non, tout ne va pas toujours bien, et encore moins quand une enfant tombe malade...
Profondément bouleversantes, parfois agaçantes, souvent drôles, Nicole Garcia et Virginie Efira livrent une partition d'une justesse inouïe, à la hauteur de la qualité de Tout va bien, qui ne tombe jamais dans le pathos malgré la gravité du sujet abordé, et qui fait même rire (oui, c'est inattendu !). Les deux actrices se livrent à Europe 1 sur ce projet unique, encore jamais vu dans le paysage sériel français.
Avez-vous hésité avant d’accepter de jouer dans Tout va bien ?
Virginie Efira : Oui car le thème de la série pouvait me faire peur. Mais je n'ai eu aucune hésitation une fois que j'ai rencontré Camille de Castelnau (ndlr : la créatrice de Tout va bien) et que j'ai lu son scénario. C'était impératif pour moi de faire partie d'un projet comme celui-ci, extrêmement exigeant et fort.
Nicole Garcia : Non je n'ai pas du tout hésité car faire une série, ce n'est pas forcément aller dans les bons sentiments et dans l'angélisme. Comme le dit Virginie, le thème a été traité sans pathos. Pourtant, on y retrouve toute la noirceur de la vie, avec la maladie de cette enfant. C'est ça qui anime tous les personnages et qui est le bon contrepoint à une vie de famille qui, sans ça, aurait été banale. Ce drame colore la série, certes de manière sombre, mais cette obscurité est compensée par des drôleries féroces.
Qu'est-ce qui vous a touchées dans vos personnages ?
Virginie Efira : Je pense que c'est un petit peu la même chose pour toutes les deux même si nos personnages sont différents. Claire et Anne ont des contrastes, des empêchements, et des contradictions. Elles essaient de tenir par tous les moyens face à la maladie de Rose et ces moyens sont parfois déficients.
Nicole Garcia : Anne est touchante car elle s'accroche à quelque chose qui est de l'ordre de l'existence. Et c'est d'ailleurs risqué pour elle. On va voir pendant la série que ses croyances vont peu à peu se fissurer à cause des choses qui lui arrivent dans le privé et qui vont lui montrer que non, la vie n'est pas un long fleuve tranquille.
C'est vrai qu'Anne est assez caricaturale au début de la série avec toutes ses certitudes sur le bonheur...
Nicole Garcia : Oh non, je vous en prie ! Je n'aime pas quand on dit des choses comme ça de mon personnage (Rires).
Virginie Efira : Ah si, elle est caricaturale dans sa manière de penser. Avec elle, tout est bien, tout est super, tout va bien.
Nicole Garcia : Je dirais qu'elle est bonne marchande. Elle vend des livres de développement personnel dans lequel elle explique comment réussir sa vie, faire marcher son couple, s'épanouir au travail et elle y croit vraiment.
Comme elle, avez-vous déjà pensé que le positif attire le positif ?
Nicole Garcia : Mais, c'est ce qu'on nous dit ! Je voudrais, à l'instar de ma fille aînée jouée par Virginie, qu'on ne se force pas à créer les conditions du bonheur quand elles ne sont pas réunies. En même temps, Anne essaie à sa manière d'éloigner les passions tristes et d'aller vers la vie... Voilà pourquoi il faut lire mes livres ! (Rires)
Claire, elle, ne pense plus qu'à Rose, quitte à s'oublier elle-même, et son couple en pâtit aussi. Pourquoi s'implique-t-elle autant ?
Virginie Efira : Elle s'implique parce que ce drame arrive à sa nièce Rose. Ce n'est pas comme si elle avait rencontré cette petite fille dans la rue et qu'elle surinvestissait un endroit aussi douloureux et compliqué mais qui serait loin d'elle. Là, c'est au contraire très proche d'elle. Effectivement, Claire est aussi quelqu'un sur lequel on s'appuie quand il y a un problème et cet investissement lui permet de fuir ses peurs. Oui, quand on a une mère comme le personnage de Nicole, on a quelques angoisses existentielles (Rires) !
Nicole Garcia : Alors ça, c'est méchant ! Ce matin, elle ne disait pas ça du tout pendant les interviews (Rires) !
Votre relation dans la série est effectivement assez conflictuelle. Est-ce le cas de toutes les relations mères-filles ?
Nicole Garcia : Je pense surtout qu'il y a des relations mères-filles qui sont bien pires que celles-là, des relations qui sont vraiment irréconciliables. Anne est d'ailleurs beaucoup plus proche de sa fille aînée que de sa cadette, Marion (ndlr : jouée par Sara Giraudeau). Elles se ressemblent, elles ont toutes les deux quelque chose de très entier et de robuste.
Virginie Efira : Je pense à ça parce que j'ai eu un bébé récemment et une chose m'a marquée : il y a déjà l'ADN de notre enfant dans les prises de sang qu'on fait quand on est enceinte. Je trouve ça incroyable biologiquement et symboliquement parlant ! Mais oui, pour revenir à votre question, les relations mères-filles sont passionnantes. Il y a toujours des choses qui s'entremêlent, aussi bien la proximité la plus forte que le besoin de se détacher. Personnellement, j'ai une mère qui est vraiment chouette. J'en profite pour le dire maintenant au cas où elle lira l'interview (Rires).
Mais quelle image avez-vous de vous-même en tant que mère ?
Virginie Efira : Je me dis qu'il y a une faillite obligatoire ! Je ne pense pas ça quand je pense à ma mère mais quand je pense à moi, oui. Et c'est quelque chose qui touche tout le monde : on ratera forcément quelque chose, il n'y a pas de maternité totalement réussie, ça n'existe pas !
Virginie, vous venez de devenir maman pour la deuxième fois. Le sujet de la série avait certainement une résonance particulière pour vous, à ce moment-là de votre vie...
Virginie Efira : Ah non, je n'étais pas encore enceinte quand on a tourné ! Mais j'étais déjà maman et ça n'a pas spécialement nourri mon personnage car Claire a certes un lien très fort avec Rose, mais elle ne veut pas du tout avoir un enfant. C'est une femme qui a mon âge, donc ce n'est plus la grande jeunesse ! A côté de ça, elle est aussi une belle-mère qu'on pourrait qualifier d'exécrable.
Elle n'est effectivement pas très tendre avec Lou, la fille de son compagnon Antonio...
Virginie Efira : Oui je la trouve dure avec Lou mais ce qui m'est aussi totalement étranger, c'est le fait qu'elle n'aime pas l'ex d'Antonio. Il y a quelque chose dans cette espèce de rivalité féminine autour d'un homme qui ne me parle pas du tout et qui ne m'intéresse pas.
Nicole Garcia : C'est formidable que tu dises ça parce qu'on n'en parle pas beaucoup mais il y a tellement de femmes qui sont jalouses des ex-compagnes qui sont pourtant parties !
Virginie Efira : Ah bon ! Moi j'ai le problème inverse, c'est à dire la survalorisation de l'ex (Rires).
Le tournage de cette série vous a-t-il changées personnellement ?
Nicole Garcia : Je dirais qu'on porte quelque chose de nouveau en soi.
Virginie Efira : Oui, et c'est difficile de l'analyser directement. On s'en rend compte bien après.