Le grand chef cuisinier Guillaume Gomez travaille depuis 1997 à l'Élysée. Il a servi Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron et était au cœur de leurs rendez-vous diplomatiques. Il a d'ailleurs écrit le livre À La Table des présidents, publié aux éditions du Cherche-Midi. Des repas de la reine d'Angleterre au voyage dans le désert jordanien de Jacques Chirac en passant par le repas express entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama, il raconte au micro de Laurent Mariotte dans l'émission La Table des bons vivants, des anecdotes sur ces repas emblématiques.
La reine d'Angleterre et son amour pour le foie gras
En 1957, la reine d'Angleterre, Elizabeth II, alors âgée d'une trentaine d'années, s'assoit à la table des Présidents lors d'un dîner de gala. Elle est reçue par René Coty et au menu ce soir-là, il y a du foie gras. Plus précisément "un foie gras glacé à la gelée de Sauternes", détaille Guillaume Gomez. Depuis ce dîner, lorsque la reine d'Angleterre vient en France, elle aime manger du foie gras. "Elle est revenue sous Jacques Chirac. J'étais déjà là. Je l'ai servie avec un foie gras de canard et foie gras d'oie. Elle est revenue sous François Hollande manger du foie gras de canard encore, sous Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron à chaque fois, manger du foie gras parce que c'est vraiment un met qu'elle apprécie", raconte Guillaume Gomez au micro d'Europe 1.
Le chef Guillaume Gomez a d'ailleurs dévoilé son astuce pour ne pas se tromper. "Je fais partie du club 'des chefs des chefs' qui rassemble les chefs cuisiniers de chefs d'État fondé par Gilles Bragard. On a ce qu'on appelle notre téléphone bleu de la diplomatie parallèle, donc j'ai téléphoné pour savoir le petit plus qui lui ferait plaisir. C'est comme ça qu'on savait que la reine d'Angleterre appréciait le foie gras."
Alors que son fils, le prince Charles, a décidé de bannir le foie gras de ses cuisines, la reine d'Angleterre "est de notre côté", souffle le chef. "Elle est du côté de nos producteurs et de nos éleveurs pour toute cette filière du foie gras, pour les mettre en avant. Et on en a bien besoin, surtout en cette période compliquée", confie-t-il.
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Pour Chirac, une salade landaise dans le désert jordanien
Un autre menu officiel donne le sourire. Lors d'une visite à Amman, en Jordanie, entre Jacques Chirac et le roi Hussein, c'est une salade landaise qui a été servie. "Lorsque l'on a parlé avec le Président et qu'on lui a soumis le menu, il a répondu 'Ah oui, très bien. Une salade de gésiers, une salade au foie gras avec plaisir, une salade corrézienne. La salade landaise, c'est une interprétation libre de notre cuisine parce qu'il n'y a pas de recette de salade landaise", raconte-t-il.
Mais pour lui, c'est autre chose qui fait que cette salade est symbolique. "C'est l'un des derniers voyages où la cuisine de l'Élysée suit le Président", explique-t-il. "À l'époque, les chefs d'État étaient reçus par l'autorité du pays et rendaient l'invitation à l'ambassade de France. C'était une autre façon de faire de la diplomatie. Aujourd'hui, ça s'est arrêté pour des questions de coût. Jacques Chirac a décidé que si l'on rendait l'invitation, c'était en France."
Le repas express entre Sarkozy et Obama
Une livraison de plateau repas et seulement 15 minutes pour manger. C'est ce qu'il s'est passé lors d'une visite officielle de l'ancien Président des États-Unis, Barack Obama, en France pendant le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy. "Je représente aussi toutes celles et ceux qui travaillent dans les collectivités. Nous, on doit s'adapter. C'est le maître-mot. On n'a pas le choix", explique le chef.
Ce jour-là Barack Obama était présent pour commémorer le Débarquement en Normandie de 1944. "Ils ont pris un peu de retard parce qu'ils rencontraient des militaires. Le seul moment où ils ont pu gagner du temps, c'est sur le repas", raconte-t-il. Guillaume Gomez a donc préparé un plateau-repas avec une entrée, un plat et un dessert "avec des produits de saison". "Et croyez-moi, faites l'expérience vous-même. Les gens disaient 15 minutes, on n'apprécie pas. Prenez un plateau, mettez vous devant une entrée, un plat, un dessert. En 15 minutes, vous les avez terminés", assure le chef. Le mystère restera cependant entier sur le menu qui a été servi aux deux présidents.