Deux siècles après sa mort, Napoléon voit sa légende se perpétuer. Un manuscrit unique, dicté et annoté par l'empereur durant son exil à Sainte-Hélène, et relatant à sa gloire la légendaire bataille d'Austerlitz, est en vente au prix d'un million d'euros à partir de mercredi à Paris. Dans ces 70 pages, rédigées par le général Bertrand, l'empereur a barré des mots à l'encre noire et inscrit des remarques dans la marge avec une écriture minuscule. Il raconte cette légendaire bataille de 1805 dans un récit un peu enjolivé, même s'il s'agit tout de même de la plus grande victoire de sa vie.
Il utilise le calendrier révolutionnaire
Cette bataille a été si réussie qu'on l'enseigne encore aujourd'hui dans les écoles militaires, comme à Saint-Cyr. Napoléon, toujours empereur dans l'âme malgré l'exil, y affirme qu'il "avait reconnu les hauteurs du champ de bataille huit jours avant". Dans ses mots, il utilise encore le calendrier révolutionnaire. Il parle en brumaire ou en frimaire, alors que cela fait à l'époque une quinzaine d'années qu'on n'utilise plus ce calendrier.
" Napoléon reste une légende à travers le monde "
Dans ce texte, Napoléon parle de lui à la troisième personne. "Il l'écrit lui-même : 'L'empereur dit, l'empereur fait'", explique Alizée Raux, la co-directrice de la galerie Arts et Autographes. L'héroïsme et l'enthousiasme sont exaltés de manière exagérée : "Pas un officier, pas un général, pas un soldat qui ne fut décidé à vaincre ou à périr", est-il mentionné. Quand, après la bataille, l'empereur parcourt le champ de bataille jonché de morts et de blessés, "rien n'était plus touchant que de voir ces braves gens le reconnaître. Ils en oubliaient leurs souffrances et disaient : au moins la victoire était-elle bien assurée ?"
Visible jusqu'à samedi
"Il y a beaucoup de documents qui sont rentrés dans les archives, dans des institutions. Il y a de moins en moins de choses qui sont en mains privées. Napoléon reste une légende à travers le monde", poursuit la fille du propriétaire de la galerie, Jean-Emmanuel Raux. Le manuscrit est visible jusqu'à samedi dans la galerie Arts et Autographes, dans le 6e arrondissement de Paris.