Quel bonheur de voir à l'écran Mélanie Laurent et ses deux acolytes Adèle Exarchopoulos et Manon Bresch, trois "voleuses" complices, partageant des fous rires entre deux missions ultra dangereuses qui effrayeraient n'importe quel être humain, sauf Tom Cruise... Et c'était bien l'ambition de Mélanie Laurent avec Voleuses, son nouveau film enfin disponible sur Netflix : montrer des femmes modernes, des bonnes copines très rigolotes, parfois un peu fleur bleue, mais surtout très intelligentes, fortes et sportives. Des super nanas capables de tirer sur des drones et de rouler à vitesse grand V sur une moto, le genou à terre.
Film d'action jouissif, comédie rafraîchissante, "buddy movie" féministe avec en toile de fond les paysages magnifiques de la Corse... Voleuses est tout ça à la fois, un film d'action unique s'intéressant aussi à l'intimité de ses protagonistes, du jamais vu dans le cinéma français... Et qui de mieux placées pour en parler que ses héroïnes Mélanie Laurent, Adèle Exarchopoulos et Manon Bresch ? Cascades, sororité, fous rires... Elles nous disent tout.
Adèle, je vois que vous allez mieux. Car j'ai lu que vous vous étiez cassé le nez pendant le tournage. Que s'est-il donc passé ?
Adèle Exarchopoulos : On était en répétitions avec Félix Moati (ndlr : l'acteur joue le rôle de Clarence) pour une scène de bagarre. Ce n'était pas filmé et j'ai complètement oublié qu'il y avait une énorme droite à un moment donné.... Je l'ai prise dans le nez et je me suis directement évanouie. Quand je me suis réveillée, j'avais le nez cassé, donc j'ai dû aller à l'hôpital et me faire opérer. On a sinistré le tournage pendant 15 jours.
Mélanie, vous avez paniqué ?
Mélanie Laurent : Non, c'est tout à fait normal, ça arrive tout le temps pour les films d'action (Rires). Non sérieusement, c'était horrible, il y avait du sang partout et elle est tombée dans les pommes. Quand on l'a réanimée, elle m'a dit : "Bébé, dis-moi que t'as la prise au moins" (Rires).
Mélanie et Adèle, vous n'aviez pas travaillé ensemble depuis 14 ans (ndlr : elles ont toutes les deux joué dans le film La Rafle). Comment se sont passées votre retrouvailles ?
Adèle Exarchopoulos : C'était comme une première rencontre. Certes, on se connaissait déjà et je me rappelle d'ailleurs très bien avoir tourné avec Mélanie. Mais à l'époque, j'étais une gamine de 14 ans. Là on s'est vraiment rencontrées à un moment de nos vies où on a grandi et où on réalise la chance qu'on a de faire ce qu'on aime. Mélanie avait envie de m'embarquer dans ce projet très libre, qui parle de sororité et dans lequel il y a aussi un mélange des genres, que des ingrédients hyper excitants ! Quand on s'est revues, on est parties pour dîner et ça s'est quasiment fini en nuit blanche (Rires).
Mélanie Laurent : Oui et j'ai écrit ce film pour Adèle. Nous ne serions pas là si elle m'avait dit "non".
Et pourquoi avez-vous choisi Manon Bresch ?
Mélanie Laurent : J'ai rencontré plein d'actrices et j'ai eu un coup de cœur pour Manon. J'ai vraiment adoré ses essais. C'est toujours très émouvant quand on voit quelque chose de différent chez quelqu'un et qu'on se dit "oh c'est elle, elle est vraiment trop bien".
Et vous Manon, qu'est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans ce projet ?
Manon Bresch : J'ai eu la chance, à la lecture du scénario, de pouvoir m'imaginer les scènes du film car je connaissais le casting. Je connaissais le visage des comédiennes, leur phrasé et leurs mimiques. Et c'est parce que c'était Adèle et Mélanie qui formaient ce duo que j'ai eu envie de passer les auditions, j'étais hyper excitée !
Avez-vous été bizutée par Adèle et Manon, comme l'est votre personnage Sam dans le film ?
Manon Bresch : Non, bien au contraire. Je me suis sentie chouchoutée.
Mélanie, dans votre dernier le film, Le bal des folles, vous racontiez une histoire totalement différente mais vous filmiez déjà des femmes. Pourquoi est-ce si important pour vous de raconter des histoires de femmes et de montrer la sororité à l’écran ?
Mélanie Laurent : Je ne me pose pas ces questions mais c'est toujours vers là que je vais naturellement. Je ne me dis jamais : "Je vais faire un film sur des femmes". J'ai toujours des sujets qui me viennent en tête et ces sujets sont toujours portés par des femmes.
Vous filmez vos actrices avec un "female gaze" (ndlr : regard féminin qui se réfère à la perspective qu'une réalisatrice apporte à un film, un point de vue différent d'une vision masculine sur le même sujet), est-ce naturel ?
Mélanie Laurent : C'était l'idée de ce film. Je voulais enlever le cliché de la femme badass en talons aiguilles, en robe très légère, qui donne des mouvements de jambes qui ne sont pas crédibles. On ne peut pas dézinguer cinq mecs en escarpins, ça ne marche pas ! J'en avais aussi un peu marre de voir ces filles sublimes, géniales, mais qui restent un peu dures et glaciales. J'avais envie qu'elles deviennent mes copines. Un peu comme dans les Ocean's Eleven où on voit une bande d'acteurs qui sont contents de se retrouver et d'improviser des choses, mais cette fois-ci avec des femmes. Nous, on a beaucoup improvisé. Avec Adèle, il faut être au taquet sur ce point-là parce qu'elle est très drôle.
Mélanie, vous êtes effectivement morte de rire pendant tout le film...
Mélanie Laurent : C'est ce qui se passe dans des vraies amitiés. Si je ne me marre pas quand je passe du temps avec mes amis, je ne vois pas trop l'intérêt... Voleuses fait partie de ces films où on se laisse un peu aller. J'ai gardé tous les fous rires entre les scènes et c'était génial de ne pas couper ça au montage !
Montrer des femmes badass, qui tirent sur des drones et qui se battent… Est-ce féministe ?
Mélanie Laurent : Moi, je me suis surtout demandée pourquoi on ne lit jamais ce genre de scénarios en France. Car les femmes sont totalement capables de faire des cascades. Pour une séquence de moto, j'avais une obsession : mettre le genou à terre comme Tom Cruise. C'était très compliqué, les mecs n'arrivaient pas à le faire et les filles, les doublures de Manon et Adèle, qui étaient deux sur la moto, l'ont fait.
Manon, vous êtes la pilote du film... mais vous n'avez pas le permis dans la vraie vie !
Manon Bresch : Vous êtes cash (Rires). Oui c'est vrai mais j'ai eu des supers formateurs et des doublures aussi, notamment pour les scènes de moto.
Adèle, vous avez adoré tirer. C'était une passion inattendue ?
Adèle Exarchopoulos : Totalement ! J'ai travaillé avec un armurier à Paris et c'était assez passionnant parce qu'il m'a appris l'histoire des armes depuis la nuit des temps. Et après, j'ai honte de le dire, mais j'ai appris le tir et j'ai vraiment adoré... Au début, il y a un truc assez malaisant parce qu'il y a cette notion de pouvoir et de danger mais une fois que c'est ultra carré, c'est génial !
Mélanie Laurent : Elle ne clignait pas du tout des yeux... C'est un truc de fou ! Elle faisait le geste aussi bien que son personnage, c'était beau. D'ailleurs, je ne l'ai jamais doublée et elle m'engueulait si je lui disais : "C'est bon, on a la prise". Elle me demandait de lui laisser une dernière prise avec sa mitraillette (Rires).