La monnaie russe, le rouble, ne cesse de voir son cours s'effondrer depuis lundi. En l'espace de 48 heures, le rouble a perdu 20% de sa valeur, obligeant la banque centrale russe à intervenir sur les marchés pour stabiliser sa monnaie. Mais si cette alerte est sérieuse, elle ne devrait pas provoquer une contagion jusqu'à l'Europe, a assuré la présidente du Conseil de supervision au sein de la Banque Centrale Européenne. "Nous pensons que l’exposition des banques européennes sur les entreprises russes sont d’une dimension telle qu’il n’y a pas de raison de craindre un désordre", a assuré Danièle Nouy, mercredi matin sur Europe 1.
"C’est un nouvel épisode de nervosité des marchés qui va être géré, traité, surveillé", a déclaré la nouvelle gendarme du secteur bancaire européen :
La Russie voit sa monnaie encore dévisser. L'économie russe reste fragile à cause de sa trop grande dépendance à la rente pétrolière. Les sanctions économiques prises par les pays occidentaux l'ont donc un peu plus déstabilisée. Résultat, la monnaie russe ne cesse de dévisser depuis lundi. Le rouble a chuté de 9,5% lundi et de 7% mardi.
Le Premier ministre Dmitri Medvedev a donc convoqué mardi ses ministres chargés du secteur économique pour définir des mesures visant à "stabiliser" le rouble, en jouant sur les liquidités et soutenant le secteur bancaire, a expliqué le ministre de l'Economie, Alexeï Oulioukaïev. La banque centrale russe a déjà relevé drastiquement ses taux dans la nuit de lundi à mardi, à 17% contre 10,5% précédemment.
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L'Europe est a priori à l'abri. Dans un monde où les économies sont interdépendantes, la crise russe peut-elle aussi devenir celle de la zone euro ? "Nous pensons que les marchés vont être nerveux pendant quelques jours, peut-être quelques semaines. Mais nous pensons que l’exposition des banques européennes sur les entreprises russes sont d’une dimension telle qu’il n’y a pas de raison de craindre un désordre", a réagi Danièle Nouy.
"Disons qu’on n’est pas sorti de la crise qui a commencé en 2007, 2008. Donc là, c’est un nouvel épisode de nervosité des marchés qui va être géré, traité, surveillé", a-t-elle poursuivi, avant d'ajouter : "les expositions (en Russie, ndlr) des banques sont limitées et parfaitement gérables".
Les pays occidentaux plus impactés que la Russie ? Invité d'Europe 1 mercredi matin, l'économiste Jacques Sapir, spécialiste de la Russie, considère lui aussi que la situation est gérable pour les Russes. Car si "très clairement, on a atteint un niveau critique", ces derniers ont les moyens d'intervenir : "il y a plusieurs méthodes possibles : une méthode dite de marché, à ce moment là la banque centrale engage massivement des liquidités (...) ou l'introduction du contrôle des capitaux".
L'économiste est, en revanche, bien plus inquiet par l'économie des pays occidentaux. "Il y a déjà un impact au niveau du commerce entre la France et la Russie, l'Allemagne et la Russie. D'une certaine manière, ce sont nous, Européens, qui souffrons le plus de nos propres sanctions", a-t-il déclaré. Avant d'envisager un scenario bien plus préoccupant : "maintenant, il y a un autre problème : la baisse du prix du pétrole peut avoir des conséquences extrêmement graves sur l'industrie nord-américaine et canadienne des gaz de schiste, de l'huile de schiste et de ce qu'on appelle les sables bitumineux. Aujourd'hui, ces différentes ressources ne sont plus rentables, il faudrait au minimum un prix de 70 dollars, peut-être même 80 dollars, le baril pour qu'elles retrouvent une rentabilité. Or ces industries ont emprunté des sommes considérables à l'industrie bancaire américaine, ce qui veut dire qu'il y a une potentialité de crise bancaire aux Etats-Unis".
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