Publicité
Publicité

Face à «l'incertitude partout», la BCE prudente sur son cap monétaire

Europe 1 avec AFP . 3 min
La BCE ne peut s'engager à l'avance sur la suite de son cap monétaire et des baisses de taux car la zone euro est confrontée "à des risques et de l'incertitude partout", a déclaré sa présidente Christine Lagarde jeudi.
La BCE ne peut s'engager à l'avance sur la suite de son cap monétaire et des baisses de taux car la zone euro est confrontée "à des risques et de l'incertitude partout", a déclaré sa présidente Christine Lagarde jeudi. © BORIS ROESSLER / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP

La Banque centrale européenne a abaissé jeudi son principal taux d'intérêt directeur de 0,25 point de pourcentage, au moment où les plans d'investissement géants annoncés par l'Allemagne rebattent les cartes pour l'économie européenne. Sa présidente Christine Lagarde a déclaré que la zone euro était confrontée "à des risques et de l'incertitude partout".

La Banque centrale européenne n'a écarté jeudi aucune option pour l'avenir de ses taux directeurs, reconnaissant qu'elle était, comme jamais, confrontée à des "risques et de l'incertitude partout" en raison des tensions avec les États-Unis et des investissements massifs attendus en Europe.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Le principal taux d'intérêt directeur baissé de 0,25 point

Face à une situation "qui change radicalement d'un jour à l'autre", Christine Lagarde, la présidente de l'institution, n'a pas caché que les gardiens de l'euro naviguaient à vue. Ils ont, comme attendu, de nouveau baissé le principal taux d'intérêt directeur de 0,25 point de pourcentage pour marquer leur confiance dans le retour progressif de l'inflation à l'objectif de 2%.

Le taux de dépôt, qui fait référence, a été porté à 2,50%. C'est la sixième baisse du loyer de l'argent depuis juin, après le pic atteint par les taux directeurs en 2023, dans un contexte à l'époque de forte inflation. Dans sa décision de politique monétaire, la BCE laisse entendre que le cycle de baisse approche de la fin, ce qui a entrainé une appréciation de l'euro, à 1,08 dollar.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Les gardiens de l'euro ont en effet affirmé pour la première fois que les taux étaient désormais à un niveau auquel la politique monétaire "devenait sensiblement moins restrictive" car ménages et entreprises vont payer leurs emprunts moins chers.

Jongler entre des objectifs parfois difficiles à concilier

Mais les bouleversements géopolitiques en cours des deux côtés de l'Atlantique ne permettent pas de dire si ce cycle d'abaissement des taux va s'arrêter très rapidement ou durer plus longtemps que prévu pour soutenir l'économie. "La BCE n'est plus en pilotage automatique", note Frederik Ducrozet, chef économiste chez Pictet Wealth Management.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Pour déterminer la suite du cap monétaire, l'institution va devoir comme rarement jongler entre des objectifs parfois difficiles à concilier : maîtriser l'inflation sans pénaliser la croissance dans une zone euro fragilisée par des crises successives.

L'équation économique s'est sensiblement compliquée ces dernières semaines. La décision du futur gouvernement allemand d'augmenter la dette, pour financer ses projets de réarmement, a fait bondir les taux d'emprunt du "Bund" comme jamais depuis la Réunification. Christine Lagarde ne s'en est "pas trop inquiétée, notant que les écarts de taux entre pays de la zone euro sont restés 'très limités'", selon Frederik Ducrozet.

La suite après cette publicité

Les emprunts des États plus chers

Cette poussée des taux longs, qui va rendre plus chers les emprunts des Etats, intervient alors que la zone euro, déjà fragile, est désormais menacée par de nouveaux droits de douane américains. "Une escalade des tensions commerciales réduirait la croissance de la zone euro en freinant les exportations et en affaiblissant l'économie mondiale", a prévenu Christine Lagarde.

D'un autre côté, les dépenses colossales prévues par l'Allemagne, en s'affranchissant du dogme de la rigueur, pourraient doper la croissance européenne et l'inflation. Lequel de ces effets va l'emporter ? Impossible de le dire à ce stade, a reconnu la banquière centrale. "Nous devons comprendre comment cela va fonctionner, quel sera le calendrier, quel sera le financement, afin que nous puissions tirer les conclusions et apprécier la contribution à la croissance et l'impact sur l'inflation", a-t-elle expliqué.

"Nous devrons être agiles", lance Christine Lagarde

Seule solution face aux chocs en série : sur le devenir des taux, "nous devrons être agiles pour réagir aux données" économiques, selon Christine Lagarde. La BCE a relevé ses prévisions d'inflation pour 2025 à cause de la hausse des prix de l'énergie et abaissé ses prévisions de croissance pour cette année et la prochaine face à la baisse des exportations et la faiblesse persistante des investissements.

L'institution de Francfort table sur une inflation de 2,3% en 2025 - contre 2,1% précédemment - puis 1,9% en 2026 et 2,0% en 2027. Le PIB de la zone euro devrait croître de 0,9% en 2025, 0,2 point de moins que l'estimation de décembre. Il grimperait à 1,2% en 2026 et à 1,3% en 2027. Ces projections, arrêtées début février, n'ont pas tenu compte des tous derniers développement et ont donc de bonnes chances d'être revues en juin.