Il est certainement trop tôt pour parler d’une "inversion de la courbe", mais il s’agit indéniablement d’une bonne nouvelle : après six mois de hausse continue, le chômage a reculé en janvier. Et pas qu’un peu : la baisse est de 0,5%, si bien que la France comptait fin janvier 19.000 chômeurs de moins qu’en décembre 2014. Un indicateur qui devrait restaurer un peu la confiance, mais cela va-t-il durer ?
-19.000 demandeurs d’emplois en janvier. Le ministère du Travail a fait ses comptes : fin janvier 2015, la France comptait 3,481 millions de travailleurs en recherche d’emploi. Un chiffre certes élevé, mais en baisse par rapport au mois précédent : Pôle emploi recense 19.100 chômeurs de moins qu’en décembre, soit une baisse de 0,5%. Une baisse significative, surtout si on la compare aux précédents mois.
"Cette évolution favorable résulte d’une baisse des entrées et d’une hausse des sorties vers l’emploi ou la formation", a précisé le ministre du Travail, François Rebsamen, avant de préciser : "la baisse du nombre d’inscrits à Pôle emploi en catégorie A concerne plus particulièrement les jeunes (-7 600, soit -1,4 %), qui n’avaient pas connu une telle diminution depuis plus d’un an. Il faut toutefois rester prudent et observer dans la durée les évolutions mensuelles. La lutte contre le chômage ne faiblira pas et sera poursuivie avec détermination." Un discours dans la droite ligne du Premier ministre, qui a vu dans ces chiffres "un encouragement à poursuivre" l'action du gouvernement.
Mais +16.100 toutes catégories confondues. Si la situation s’améliore pour la catégorie A, c’est-à-dire les personnes sans emploi et les plus éloignées du monde du travail, le bilan est plus mitigé lorsqu’on prend en compte les personnes qui ont une activité réduite et cherchent donc toujours un emploi à plein temps (catégories B et C). En cumulant ces trois catégories, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté en janvier de 0,3% par rapport au mois précédent. Soit 16.100 personnes supplémentaires concernées.
Les bonnes nouvelles peuvent-elles continuer ? Après avoir traversé une zone de sérieuses turbulences, l’économie française va un peu mieux : d’abord parce que la croissance reprend doucement (1% attendu en 2015 après 0,4% en 2014%), ensuite parce les dispositifs que le gouvernement a mis en place pour relancer l’emploi et l’activité tournent à plein régime : emplois aidés, incitation fiscale dans l’immobilier, etc. Sans oublier le projet de loi Macron, censé "déverrouiller l'économie française" mais dont la version définitive reste encore incertaine. Autant de raisons d’espérer, d’autant que les prix des matières premières reculent, que la croissance reprend chez nos voisins et que la chute de l’euro dope nos exportations.
Mais plusieurs facteurs incitent à la prudence. Il y a d’abord la faible croissance qui ne devrait pas permettre de créer suffisamment d’emplois : selon les prévisions du gouvernement, elle devrait avoisiner les 1% en 2015 alors que les économistes estiment qu’il faut 1,5% de croissance pour créer de nouveaux emplois. Or la France en a bien besoin en raison de sa démographie. Il y a ensuite les sombres prévisions de l’Unedic : l'organisme paritaire qui gère l'assurance chômage estime que la France devrait enregistrer 104.000 demandeurs d’emplois supplémentaires au cours de l’année 2015. Soit 8.600 nouveaux chômeurs par mois, de quoi faire apparaître les chiffres de janvier comme une accalmie précaire.
>> LIRE AUSSI - Chômage : 2014, année noire pour l'emploi
>> LIRE AUSSI - Chiffres du chômage : un "encouragement à poursuivre" pour Valls