Après les promesses, les propositions concrètes. Le 26 juillet dernier, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), avait assuré être "prêt à tout faire pour sauver l'euro". Jeudi, la banque, qui tenait sa réunion de politique monétaire mensuelle, a annoncé qu'elle était prête à intervenir sur le marché obligataire pour contenir la crise de l'euro. Mais Mario Draghi n'a pas annoncé de mesure concrète, décevant les marchés.
Un projet d'action sur le marché de la dette
Alors que certains pays de l'eurozone sont confrontés à des taux d'emprunt "inacceptables" sur le marché de la dette, la BCE indique qu'elle pourrait "entreprendre des opération sur le marché obligataire d'une taille acceptable". La banque devrait donc élaborer dans les prochaines semaines un programme d'achat ferme des emprunts d'Etat pour stabiliser leurs coûts d'emprunt.
Il a aussi annoncé que son institution était prête à prendre de nouvelles mesures exceptionnelles, afin de restaurer la bonne transmission de sa politique monétaire, mais sans préciser lesquelles. Les modalités de ces mesures seront présentées "au cours des prochaines semaines", a-t-il ajouté. Le président de la BCE a assuré que "l'euro est irréversible". "Il reste, il reste, il reste. Il est inutile de spéculer contre l'euro", a-t-il martelé.
"La politique monétaire ne peut pas tout"
Mario Draghi a néanmoins appelé les gouvernements à poursuivre leurs efforts d'assainissement budgétaire et de réformes structurelles, ce qui prend du temps. Ils doivent se préparer à faire intervenir les fonds de secours européens FESF et MES sur le marché obligataire et à poursuivre les mesures d'assainissement nécessaires. "La politique monétaire ne peut pas tout, et surtout pas compenser le manque d'action des politiques", a ajouté Mario Draghi.
La BCE a par ailleurs exclu d'accorder une licence bancaire au Mécanisme européen de stabilité. Cette solution aurait permis au MES de participer aux opérations de financement de la Banque centrale européenne. Mais selon Mario Draghi, elle serait contraire aux traités européens.
Les investisseurs déçus, les Bourses plongent
Le discours de Mario Draghi a cependant déçu les investisseurs, qui attendaient beaucoup plus après ses promesses de la semaine dernière. Juste après, les Bourses de Paris, Francfort, Madrid et Milan se sont effondrées de plusieurs points. Wall Street a aussi ouvert en baisse. "Les investisseurs sont restés sur leur faim. Mario Draghi n'a formulé aucun calendrier et n'a fait aucune annonce concrète, ni en terme de baisse des taux, ni en terme d'intervention sur le marché de la dette", a expliqué Alexandre Baradez, analyste chez Saxo banque. "Clairement, le marché est déçu, d'autant que les espoirs étaient grands", a-t-il ajouté.
En Italie et en Espagne, les taux d'emprunt à 10 ans ont aussitôt bondi au-dessus des 6% sur le marché obligataire.