Les habitants d’Ile-de-France pourraient bien ne plus se perdre dans la foule des tarifs que propose la RATP selon la zone où ils habitent. La région et la chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France sont en effet tombées d’accord pour passer à un tarif unique dès 2015 : 70 euros pour un abonnement mensuel. Une réforme à laquelle le gouvernement a apporté son soutien mercredi et qui permettrait aux habitants et aux entreprises de la périphérie parisienne de réaliser de substantielles économies.
Exit les prix différenciés, 70 euros pour tous ? Aujourd’hui, la tarification des transports en commun en Ile-de-France repose sur un principe simple : plus on s’éloigne du centre-ville, plus un abonnement RATP coûte cher. Ainsi, un abonnement mensuel pour les zones 1-2 coûte 67,10 euros, un prix qui grimpe à 105,40 euros pour les zones 1 à 4 et même à 113,20 pour les zones 1 à 5.
En passant à un tarif unique de 70 euros mensuels quelles que soient les zones, la RATP simplifierait son offre et, surtout, les habitants de banlieue feraient de substantielles économies, tout comme leurs employeurs.
Une promesse de campagne. Cette idée de Pass Navigo unique ne sort pas de nulle part : il s’agit d’une promesse de campagne commune au Parti Socialiste et à Europe Ecologie-Les Verts. L’idée est bien évidemment de favoriser les transports en commun plutôt que la voiture, mais aussi d’instaurer une "égalité tarifaire des Franciliens" selon les termes du groupe PS au Conseil régional.
Qui va payer le surcoût ? Sauf qu’une telle mesure va avoir un coût : en alignant les tarifs des abonnements en zone 3 ou 4 sur ceux des zones 1 et 2, moins chers, la RATP va forcément enregistrer un manque à gagner. Mais ce sont les employeurs qui proposent eux-mêmes d’absorber la différence, puisque les entreprises de plus de 10 salariés financent déjà 50% des titres de transport de leurs employés.
Dans le détail, la contribution des entreprises installées en zones 3 et 4 resteraient inchangée, c’est celles des entreprises en centre-ville qui augmenterait. Ces dernières accepteraient un relèvement du versement transport (VT) d'au maximum "+0,13 point en moyenne sur la période de la convention pour les zones 1 (Paris et Hauts-de-Seine) et 2 (communauté urbaine de Paris sauf les communes de la zone 1)" assujetties respectivement à des taux de 2,7% et 1,8%. Les entreprises de la zone 3 - la plus éloignée du centre et la moins bien desservie - ne subiraient aucune augmentation et resteraient à 1,5%.
Les entreprises négocient une contrepartie. Pourquoi le secteur privé serait-il prêt à faire une fleur aux habitants des banlieues ? D’abord parce que les entreprises ont intérêt à ce que leurs employés soient mobiles. Ensuite parce qu’elles espèrent obtenir de l’Etat le rétablissement d’une aide à laquelle elles tiennent : "l'exonération de la redevance pour création de bureaux (RCB) sur les opérations de démolition-reconstruction en Ile-de-France". En clair, une taxe à payer dès qu’on construit, rénove ou modifie des bureaux ou un commerce.
Après avoir été suspendue, cette redevance a fait son retour le 1er janvier 2014 et les entreprises souhaiteraient qu’elle disparaisse une bonne fois pour toute. Et notamment les sociétés implantées dans le centre-ville parisien et qui paient le plus cher. Supprimer cette taxe compenserait ainsi leur plus forte contribution au financement des titres transports en commun. Sauf que l’argent de cette redevance est censé servir à financer le Grand Paris et notamment la construction de nouvelles lignes de transports et de gares. Si bien qu’au final, si le prix de l’abonnement mensuel baissait en banlieue, ce pourrait être au détriment d’investissements futurs dans cette même banlieue.
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