L’INFO. La Chine a dévoilé le chiffre de sa croissance lundi. A 7,7%, il est toujours largement supérieur à la plupart des pays développés, mais reste que ce résultat est le plus bas des treize dernières années. La Chine, désormais concurrencée par ses voisins asiatiques, n’est plus aussi attractive. L’Etat souhaite faire évoluer son modèle vers l’industrie innovante et la consommation intérieure.
>>> Claude Meyer est professeur d’économie internationale à Science Po et chercheur aux Séries. Auteur de deux ouvrages sur la Chine, il a beaucoup travaillé sur les effets de la mondialisation en Asie.
Comment expliquer que la croissance chinoise ralentisse ?
D’une part, c’est un processus naturel au fur et à mesure qu’une économie devient plus mature. D’autre part, le modèle de croissance chinois arrive à ses limites. Jusqu’à présent, la croissance chinoise était essentiellement tirée par des investissements massifs et par les exportations. Ce schéma est à bout de souffle : l’industrie est en surcapacité et une bulle immobilière et foncière s’est créée.
Comment relancer l’économie du pays ?
C’est le grand défi de la nouvelle direction politique arrivée au pouvoir en mars 2013 : la transformation du modèle économique chinois. Il va falloir passer vers une économie tirée par la consommation intérieure, notamment des ménages, et par l’innovation technologique.
Aujourd’hui, la consommation est relativement faible puisqu’elle représente environ 40% du PIB, contre une moyenne de 55% dans les pays émergents, et de 60 à 70 % dans les pays développés. Les chinois ne consomment pas parce qu’ils gardent une épargne pour faire face aux dépenses de santé et de retraite. Depuis deux ans, un plan a été lancé pour une généralisation de la protection sociale à l’horizon de 2020. Petit à petit, on va observer un déplacement de l’épargne des ménages vers la consommation.
La Chine peut-elle devenir un leader technologique ?
Aujourd’hui, l’industrie chinoise produit des biens de consommation courante à prix faible et des biens électroniques qui sont construits aux trois quarts par des entreprises étrangères. Il faut maintenant que les sociétés chinoises s’approprient des technologies pour que la valeur ajoutée soit plus importante.
Cette idée explique le mouvement d’internationalisation des sociétés chinoises comme Dongfeng avec Peugeot ou l’acquisition de Volvo par l’investisseur chinois Geely. Les entreprises de télécoms comme ZTE sont aussi dans ce cas de figure. Ce qui est nouveau, c’est qu’on va également voir des sous-traitants commencer à produire et à exporter sous leur propre marque. C’est le cas par exemple avec la société d’électroménager Haier qui s’est implantée aux Etats-Unis et qui développe ses réseaux de vente en Occident.
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