Tant pis pour les héritiers. Un vent nouveau souffle sur les futurs retraités. Selon une étude mondiale intitulée "L'avenir des retraites" et menée sur les 55/64 ans pour la banque HSBC, les baby-boomers pensent d'abord à eux plutôt qu'à leurs enfants ou petits-enfants. En effet, d'après cette étude, un quart des 55-64 ans préfèrent profiter de leurs économies plutôt que de continuer à épargner en vue de transmettre un patrimoine. La tendance est mondiale - 16.000 futurs retraités ont été interrogés, dans 15 pays différents -, à l'exception de quelques pays comme l'Indonésie et le Mexique où l'on préfère encore mettre de côté.
Moins généreux, ils pensent avant tout à eux. En France, seul 1 futur retraité sur 10 estime qu'il vaut mieux continuer à épargner une fois à la retraite, afin de léguer un héritage à ses descendants. En revanche, un sur cinq préfère dépenser son argent sans se soucier de la génération d'après, estimant qu'elle doit bâtir elle-même son propre patrimoine. Une tendance accentuée chez les hommes, puisqu'ils sont 24% à choisir cette option contre seulement 16% chez les femmes.
"Je ne vais pas continuer à vivre pour mes enfants". C'est le cas de Philippe, enseignant, qui va arrêter de travailler d'ici quatre ans. Avec sa femme, ils sont propriétaires de leur maison, qu'ils lègueront à leurs trois enfants. Mais pour le reste, leurs enfants n'auront rien du tout : "Mon dernier enfant à 24 ans, j'estime qu'il est déjà entré dans une vie active qui lui permet à peu près de s'assumer. Je suis donc là en secours, mais je ne vais pas continuer à vivre pour mes enfants", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Ce que l'on a gagné va nous servir pour notre retraite. On ne va pas faire des folies, mais voyager par exemple, faire des choses que l'on n'a pas eu le temps de faire avant", détaille-t-il.
Consommer pour passer le temps. Voyager, aller au cinéma, au restaurant, en bref, consommer. Les baby-boomers veulent continuer à profiter pleinement de cette société des loisirs que leur génération a vu se développer. D'après l'économiste Philipe Crevel, le constat est évident : "Ils ont du temps pour consommer, donc il leur faut de l'argent. C'est pour cela qu'ils dépensent plus et qu'ils seront amenés à moins épargner dans les prochaines années."
A l'échelle mondiale, seulement 13% des actifs trouvent qu'il est "plus judicieux d'épargner autant que possible afin de léguer un héritage à leur famille". "On commence déjà à le constater, les retraités commencent déjà à prendre de l'argent sur leur assurance vie voire sur leur livret A, ce qui signifie évidemment moins d'héritage pour les générations à venir", analyse le spécialiste auprès d'Europe 1.
D'autant plus qu'un autre élément entre en compte. Aujourd'hui, on vit plus vieux, pas forcément toujours en bonne santé, il faut alors financer les soins et la maison de retraite. Après tout cela, pas sûr qu'il reste grand chose pour les enfants.
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