La question échauffe les responsables européens. La mise en place d'euro-obligations, ou "eurobonds", est défendue par certains d'entre eux comme un moyen de renforcer la solidarité de la zone euro. Cependant, ce projet restera absent mardi du menu des discussions, très attendues par les marchés, entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Europe1.fr présente cet instrument économique au nom quelque peu "barbare".
Qu'est-ce que les euro-obligations ? Ces obligations émises au niveau européen tendent à uniformiser les taux d'intérêt entre les différentes obligations émises par les États de la zone euro. Le taux serait une moyenne de ceux auxquels les différents pays membres se financent. Ce système revient en quelque sorte à "mutualiser" la dette souveraine en euro.
Quels avantages et quels inconvénients ? De tels titres permettraient aux pays en difficulté, comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal, de se refinancer dans de bien meilleures conditions, puisqu'ils empruntent actuellement à des taux élevés. En revanche, ils augmenteraient les taux d'intérêt pour les pays les plus solides, Allemagne en tête, qui eux bénéficient de la confiance des investisseurs, et donc de taux bas.
Qui s'oppose aux eurobonds ? Logiquement, le gouvernement allemand est hostile à l'instauration d'eurobonds. Le ministère allemand des Finances affirme qu'ils "ne sont pas une option". La position française n'est pas si éloignée. "C'est très prématuré car l'euro-obligation suppose une plus grande intégration politique, budgétaire et fiscale de l'Europe", souligne une source à l'Élysée.
Qui sont ses partisans ? De nombreux responsables politiques, du commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn au ministre des Finances italien, Giulio Tremonti, en passant par Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, se sont récemment déclarés en faveur de ce projet.
La semaine dernière, le ministre britannique des Finances, George Osborne, dont le pays n'a pas adopté la monnaie unique, avait exhorté ses homologues de la zone euro à adopter le système des eurobonds pour éviter une désintégration de la monnaie unique "qui, d'après lui, constituerait une catastrophe économique y compris pour le Royaume-Uni". L'idée fait même son bout de chemin en Allemagne. Des députés du parti CDU de la chancelière allemande Angela Merkel ont levé le tabou mardi. "Je ne crois pas que les euro-obligations soient un instrument du démon", a dit le député CDU Johann Wadephul.
Joseph Stiglitz, le prix Nobel d'économie, a quant à lui jugé que de toute façon, l'Allemagne subirait de "graves conséquences" si les pays en difficulté de la zone euro ne parvenaient à rembourser leurs emprunts.
Pourquoi le sujet-il si sensible ? L'enjeu est très politique. La mise en place d'obligations européennes impliquerait un pas vers plus de fédéralisme économique. Or, les responsables européens sont pour la plupart frileux en la matière, surtout en période électorale, analyse La Tribune. Par ailleurs, "une émission européenne impose de facto un droit de regard des autorités européennes sur les budgets nationaux que ni Paris, ni Berlin ne sont prêts à concéder", ajoute le quotidien.