Le Conseil d'Orientation des Retraites (COR) a publié mercredi son rapport très attendu. Il prévoit un déficit compris entre 72 et 114 milliards d'euros par an en 2050 pour les régimes de retraites si rien n’est fait d’ici là. A l'horizon plus proche de 2030, la fourchette va de 56 à 80 milliards. Ces nouvelles projections avancent de 20 ans les déficits des projections de 2007. Celles-ci avaient bien évalué les effets conjugués du papy-boom et du vieillissement, mais elles avaient été réalisées avant la crise économique qui a ébranlé toute la Sécurité sociale.
Critiques des syndicats et du Medef
Les nouveaux chiffres donnent à la réforme des retraites une toile de fond financière, même si beaucoup ont appelé à la prudence pour les interpréter. "Un petit peu aléatoires" pour Bernard Thibault (CGT), relevant "en partie de la science-fiction" pour Jean-Louis Malys (CFDT), voire de "Nostradamus" pour Jean-Claude Mailly (FO): les syndicats ont relativisé leur portée, surtout sur 2050, compte tenu des incertitudes économiques.
C'est le Medef qui s'est montré le plus critique, déplorant des scénarios "peu réalistes", notamment pour les taux de chômage envisagés par le COR, jugés trop optimistes (de 4,5 à 7% selon les scénarios).
Mais les projections du COR ont surtout apporté de l'eau moulin de chacun. "Le premier enseignement, c'est que c'est la crise, encore en 2030, qui est la cause de la moitié du déficit", a constaté Jean-Louis Malys. Pour la CFDT, "ce n'est donc pas aux assurés et aux salariés de payer seuls, parce que ce ne sont pas eux les responsables". Eric Aubin, chargé des retraites à la CGT, est sur la même longueur d'ondes : "les chiffres sont mauvais, mais il ne faut pas dramatiser, les moyens existent pour les retraites, l'économie crée des richesses, il faut mieux les répartir".
Tous les syndicats demandent donc au gouvernement d'ouvrir le dossier des ressources, listant de multiples pistes : élargissement des assiettes des cotisations, réduction des exonérations, taxation du capital, etc...
Les recettes d’Aubry
La première secrétaire du PS, Martine Aubry, les a appuyés dans ce sens dans une tribune publiée par Le Monde, demandant "d'introduire sans tarder de nouvelles ressources dans le système".
"La crise au fond, ne fait qu'être un accélérateur du problème structurel" du système, a estimé le ministre du travail Eric Woerth mercredi. Il a jugé, à la lumière des chiffres du COR, que le paramètre principal à faire bouger, "c'est l'allongement, à un moment donné, du travail" pour faire face au vieillissement de la population.
Les solutions envisagées par le COR
Il privilégie trois leviers pour rétablir l’équilibre : le report de l’âge effectif de départ à la retraite, une hausse des cotisations ou une baisse des pensions.