Du parfum sur les Champs-Elysées jusqu’au bout de la nuit, c’est fini. La Cour d’appel de Paris a rendu sa décision ce lundi dans le procès qui opposait Clic-P, l’intersyndicale du commerce de Paris, à l’entreprise de parfumerie Sephora, propriété de LVMH : le magasin des Champs-Elysées devra fermer ses portes avant 21h.
Sephora "prend acte". Sephora, qui réalise 20% de son chiffre d’affaire en soirée a indiqué avoir pris “acte de la décision rendue” et a annoncé son pourvoi en cassation. Pour autant, la décision de la Cour d’appel ne sera pas suspendue, le magasin devra la respecter d’ici dix jours, sous peine d’une amende de 80.000 euros par jour.
L’enseigne de parfumerie a également annoncé qu’elle allait “étudier rapidement les conséquences de cette décision pour l’emploi”. Sur les 200 employés de ce magasin, qui est l’un des plus grands de la chaîne, une cinquantaine travaillait jusque là le soir sur la base du volontariat.
Les salariés déçus. La plupart d’entre eux étaient présent au tribunal pour assister à l’audience. Ils étaient déçus et parfois en colère après la décision. “Travailler le soir, c’est notre choix; ça nous arrange; ça nous fait de l’argent en plus et c’est comme ça depuis des années” explique Touty, une vendeuse du magasin.
Les salariés concernés avaient d’ailleurs lancé une pétition pour le maintien de l’ouverture du magasin jusqu’à minuit en semaine et 1h du matin les vendredi et samedi. Une pétition financée par Sephora, selon Eric Sherrer, de l’intersyndicale Clic-P.
Incompréhension syndicats/employés. Si la décision ne passe pas auprès des employés, elle pèse encore plus sur l’image qu’ils ont de leurs syndicats. “Ces gens là ne parlent pas en notre nom, qu’est-ce qu’on va devenir? On est dans un pays où on lutte contre le chômage et pourtant les syndicats, eux, s’en foutent” fustige Diane, responsable des soins dans le magasin.
Cette décision est pourtant une nouvelle victoire de l’intersyndicale dans la lutte qu’elle mène contre le travail nocturne à Paris. En juin 2012, le groupe Lafayette avait déjà dû annuler l’ouverture de nuit ses deux principaux magasins parisiens, le BHV Rivoli et les Galeries Lafayette Haussmann. Entre mars et juin 2013, la justice avait également donné trois fois raison aux syndicats contre Apple, Monoprix et Uniqlo dans des contentieux similaires.