Street View, le programme de Google qui permet de se déplacer virtuellement dans les rues des grandes villes, est mis à l’amende par la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Le géant de l’informatique est en effet condamné à verser la somme de 100.000 euros, pour avoir collecté des données privées, obtenues par le biais de terminaux non sécurisés.
Il s’agit d’une amende record depuis 2004, date à laquelle la Cnil a obtenu le droit d’infliger des sanctions financières.
Des données concernant des particuliers
Dès mai 20110, Google avait reconnu que ses "Google cars", les voitures qui permettent de collecter des photos, avaient par inadvertance recueilli des données personnelles transmises par Wi-Fi. Ce qui avait valu au groupe américain, fondé par Larry page et Sergey Brin en 1998, une mise en demeure de la Cnil.
Après analyse, il s'est avéré que Google "avait enregistré, outre des données techniques (...), de nombreuses données concernant des particuliers, identifiés ou identifiables (données de connexion à des sites web, mots de passe de messagerie, adresses de courrier électronique, échanges de courriels révélant notamment des informations sensibles)", a révélé la commission.
Google n’aurait pas respecté ses engagements
Si Google a bien pris l'engagement de cesser la collecte de données Wi-Fi et de supprimer les données de contenu enregistrées, la société n'"a pas renoncé à utiliser les données identifiant les points d'accès Wi-Fi de particuliers à leur insu", précise la Cnil.
En effet, cette collecte n'est aujourd'hui plus réalisée par les "Google cars", mais s'opère directement par le biais des terminaux mobiles des utilisateurs se connectant au service de géolocalisation Latitude (smartphones, etc.), et ce à leur insu. La CNIL considère que ce défaut d'information constitue une collecte déloyale au sens de la loi, qui était déjà à l'œuvre avec les "Google cars".
La formation contentieuse de la Cnil estime aussi que les réponses apportées par la société Google à la suite de la mise en demeure sont insuffisantes, celle-ci ne lui ayant toujours pas fourni les éléments du programme informatique ayant conduit à la collecte des données Wi-Fi, contrairement à sa demande en ce sens.
Enfin, elle lui reproche de contester l'application de la loi française au service Latitude, et d'avoir ainsi refusé de déclarer à la Cnil malgré deux demandes en ce sens.
Google "profondément désolé"
"Comme nous l’avons déjà dit, nous sommes profondément désolés d’avoir collecté par erreur des données", a régi lundi matin Peter Fleischer, directeur Protection des données personnelles chez Google.
"Dès que nous avons compris ce qui se passait, nous avons arrêté nos voitures Street View et en avons immédiatement informé les autorités françaises. Notre objectif a toujours été de détruire ces données et nous sommes contents que la CNIL nous en ait donné l’autorisation", a-t-il ajouté, plaidant la bonne foi.
Un programme qui fait polémique
Lancé en 2007, Google Street View est dans le collimateur de la Cnil depuis sa création. Ce service, qui permet aux internautes de se déplacer virtuellement en ville, a également déclenché une série de polémiques dans d’autres pays, toujours en raison de non respect de la vie privée.