Économies, Zone euro, Grèce, croissance, traité européen... Dans un entretien à Mediapart diffusé dimanche, Jean-Marc Ayrault s'est exprimé sur les nombreux sujets qui agitent le gouvernement, alors que le budget 2013 de la France sera examiné en Conseil des ministres mercredi. Cet entretien a été réalisé vendredi, soit à la veille de la décision de rejet du traité par le Conseil fédéral d'Europe Ecologie-Les Verts qui a recommandé à ses parlementaires de faire de même. Europe1.fr revient sur les principales déclarations.
TVA et CSG. La TVA ou la CSG (Contribution sociale généralisée qui participe au financement de la sécurité sociale) ne seront pas augmentées pour réduire le déficit de l’État, déclare le Premier ministre. Il récuse d'autre part l'idée que la TVA puisse être relevée dans le cadre de la réforme du financement de la protection sociale prévue l'an prochain. "Nous n'augmenterons jamais la TVA, ni la CSG pour combler les trous du budget de l’État", a-t-il assuré.
"C'est une invention pure et simple. On vient de supprimer la TVA Sarkozy en juillet au Parlement, ce n'est pas pour la remettre en place. Il y a des discussions sur une fiscalité écologique, mais elle n'a pas encore été arbitrée", a-t-il ajouté.
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Croissance et BCE. La Banque centrale européenne doit jouer "un vrai rôle de banque centrale", martèle le chef du gouvernement. Il estime par ailleurs que les 120 milliards d'euros prévus pour relancer la croissance en Europe, et négociés par François Hollande, sont "mieux que rien, mais pas suffisants". "La réorientation de l'Europe est nécessaire pour relancer la croissance. Les choses bougent sur la BCE, j'en ai parlé, et nous voudrions que cela aille plus loin", déclare-t-il.
A Mediapart qui lui demande s'il faudrait pour cela que la BCE prête directement aux États, Jean-Marc Ayrault répond : "Elle peut le faire de façon différente, pas forcément directe (...) En tout cas, le débat est rouvert. Mais il y a une contrepartie. Cela ne pourra pas se faire sans une coordination des politiques économiques, ce qui signifie un transfert de responsabilité. Nous n'en sommes pas encore là", ajoute-t-il.
Traité européen. Jean-Marc Ayrault a mis en garde ceux qui dans sa majorité ne veulent pas ratifier le traité budgétaire européen, en faisant valoir que "la conséquence logique de leur démarche, c'est la sortie de l'euro". Le projet de loi sur le traité de stabilité budgétaire européen doit être soumis au Parlement début octobre. "Je le dis à ceux qui nous reprochent de ne pas avoir obtenu assez, notamment à une partie de la gauche. Qu'ils disent tout haut ce qu'ils pensent tout bas ! Pour l'instant, ils n'osent le dire car ils savent que l'opinion ne les suivrait pas", a-t-il assuré.
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Soulignant que le traité n'était "pas l'alpha et l'omega" mais "une première étape d'une réorientation de l'Europe", le Premier ministre fait valoir que son rejet se traduirait "par une crise politique en Europe". "Ce serait d'une gravité exceptionnelle", a-t-il prédit.
Le plaidoyer d'Ayrault pour le traité européen :
Jean-Marc Ayrault : « l'Europe est un combat »par MediapartGrèce. Jean-Marc Ayrault s'est dit "favorable" à ce que l'on donne "plus de temps" à la Grèce "pour s'en sortir", mais "à une condition: qu'(elle) soit sincère dans l'engagement des réformes, notamment fiscale". La Grèce a justement demandé un délai supplémentaire pour réduire son déficit public et mettre en œuvre les réformes exigées par ses créanciers (UE et FMI) en échange de leur aide financière.
La Grèce est-elle sincère ? "J'en ai discuté avec Evangelos Venizelos (l'actuel leader du Pasok, le parti socialiste grec, ndlr) au mois d'août et les Grecs butent pour l'instant sur leur réforme fiscale", a assuré Jean-Marc Ayrault. "Ils n'arrivent pas à faire payer les armateurs et ceux qui ont beaucoup d'argent en Grèce investissent dans l'immobilier, à l'étranger. Tout cela est immoral. La crise grecque est structurelle, mais aussi politique", conclut le chef du gouvernement.