Il avait pourtant frappé fort. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a annoncé jeudi la reprise des achats d’obligations publiques. Un geste pour tenter d’apaiser les marchés... qui n’a pas eu l’effet escompté : les Bourses européennes ont dévissé dans la foulée de l’annonce, entraînant dans leur chute les places asiatiques. Et la situation ne s'est pas s’amélioré vendredi, bien au contraire : la Bourse de Paris a signé vendredi sa 10e séance de baisse d'affilée, du jamais vu depuis la création du CAC 40 en 1987.
Les dirigeants politiques tentent bien de répondre. Interrogé jeudi sur le programme de rachat d'obligations de la BCE, Jean-Claude Trichet a en effet répondu que le programme se poursuivait, ajoutant que celui-ci n'avait jamais été "mis en sommeil". La BCE n’avait cependant pas acheté d’obligations publiques depuis le mois de mai.
La tentative de sauvetage, très attendue, n’est pourtant pas une réussite : peu après l’annonce, les taux italiens ont fortement baissé, avant de retrouver leurs niveaux, indique Le Figaro. En effet, souligne Natacha Valla, économiste chez Goldman Sachs, dans Le Monde, "les marchés attendaient plus de la BCE".
"Des batailles déjà perdues"
D’autant plus que son intervention est finalement assez limitée. La BCE se cantonne en effet à intervenir sur "les petits pays qu’elle a déjà soutenus par le passé" (Grèce, Irlande et Portugal). Mais rien n’a été annoncé concernant l’Espagne et l’Italie, deux marchés beaucoup plus importants.Pour la spécialiste, il y a "peu de chance qu’elle s’y risque".
Or ce sont sur ces deux pays, en pleine crise de la dette, que l’action de la BCE était la plus attendue. "Au lieu de rejouer des batailles déjà perdues, [la BCE] devrait se concentrer sur celles qui comptent vraiment", résume ainsi un éditorialiste dans The Economist.
Reprise à Madrid
La Bourse de Madrid a quand même repris quelques couleurs vendredi dans la matinée, portée par les valeurs bancaires, grâce à des rumeurs sur une éventuelle intervention de BCE. Mais le message de Jean-Claude Trichet reste "ambigu" pour un analyste espagnol, qui explique que "ce qui n’a pas été clair est de savoir s’il va ou non acheter des obligations de pays qui sont dans la ligne de mire, comme l’Espagne ou l’Italie".
Également critiquée, la partie du discours de Jean-Claude Trichet sur l’inflation. Il a en effet souligné que les anticipations d’inflation dans la zone euro devraient rester fermement ancrées. Pas nécessairement le discours le plus approprié dans le contexte actuel, note un analyste.