EDF milite pour une hausse des tarifs de l'électricité de plus de 30% en cinq ans, dans un contexte de hausse des prix du gaz, de l’essence et des denrées alimentaires. Alors qu'il avait déjà avancé ses pions en novembre 2010, l'électricien a, selon Les Echos de mercredi, proposé aux pouvoirs publics un dispositif qui amènerait à augmenter la facture des particuliers "de 28% à 37%" en cinq ans, soit des hausses de tarifs comprises entre 5,1 et 6,5% par an jusqu'en 2015.
Le gouvernement dément puis précise
Le ministre de l'Energie, Eric Besson, a dans un premier temps martelé qu'une telle hausse n'était pas à l'étude. "Cette note n'existe pas ou en tout cas n'a jamais été reçue par le gouvernement", a-t-il martelé mercredi matin. Puis il a confirmé dans l'après-midi une "légère augmentation" des tarifs, probablement de 3%. L'information embarrasse à quelques jours du second tour des cantonales. Mais tous les acteurs du secteur sont d’accord pour dire qu’une telle hausse est réaliste.
D'abord parce que le parc nucléaire va arriver en fin de vie dans les 30 ans qui viennent, et qu'il va donc falloir vite lancer des projets couteux pour le renouveler. EDF surfe là sur l'actualité avec un message subliminal: pour des centrales plus sûtes, il va falloir financer la rénovation. L'autre raison, c'est qu'EDF va devoir vendre un quart de sa production nucléaire à la concurrence. Le prix n'est pas fixé, c'est aux politiques de le faire, mais l'électricien n'entend pas brader son énergie.
"Revoir les grilles tarifaires"
Côté associations de consommateurs, "c’est encore une mauvaise nouvelle". "Je rappelle qu’au 1er avril, le gaz va encore augmenter de façon importante, puisqu’on va arriver à 20% d’augmentation sur 18 mois. L’électricité, elle, a augmenté de 6% en août dernier", peste Thierry Saniez, directeur général de l’association de consommateur CLCV, joint par Europe 1. "Les conséquences vont être très fortes socialement. Aujourd’hui, on évalue à 3,5 millions le nombre de ménages en situation de précarité énergétique, c’est-à-dire qui dépensent plus de 10% de leur budget pour acquérir l’énergie."
Pour Thierry Saniez, "il faut revoir les grilles tarifaires, de manière à rendre accessible au plus grand nombre le prix de son énergie. Quand on regarde sur la facture EDF, 20 % correspond à l’abonnement, c’est un coût fixe. Il faudrait peut-être voir à quoi correspond ce coût fixe. Quant au gaz, il est indexé sur le prix du pétrole. On peut quand même s’interroger sur l’opportunité d’une telle indexation."