Il aura fallu pas moins de dix heures de tractations. Jusqu'au bout de la nuit, les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, ont travaillé pour arracher un accord sur la dette grecque et le fonds de soutien de la zone euro. A 4 heures du matin, Nicolas Sarkozy, les yeux cernés et la voix fatiguée, est venu annoncer un compromis "crédible" et "ambitieux".
Nicolas Sarkozy annonce qu'un accord a été trouvé :
Avant cela, les ténors européens ont dû se livrer à un véritable bras de fer avec les banques. A minuit, un communiqué de la Fédération internationale des banques met le feu aux poudres. Le lobby bancaire y affirmait qu'aucun accord n'avait pu être trouvé sur "quelque élément que ce soit en vue d'un accord".
Les banques convoquées dans le bureau de Rompuy
La réponse des dirigeants européens est immédiate et le président des banquiers est convoqué. Christian Spillmann, journaliste de l'AFP à Bruxelles, fait état, sur son compte Twitter, d'une réunion dans le bureau d'Herman Van Rompuy avec Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde et les banques. L'ultimatum est simple : soit les banques acceptent des sacrifices, soit la faillite de la Grèce sera déclarée.
Dans les couloirs bruxellois, le bruit court alors qu'aucun accord ne sera trouvé dans la nuit et qu'il faudra un nouveau sommet dimanche ou mardi prochain. Pendant ce temps-là, Silvio Berlusconi "appelle Rome et annonce avoir obtenu [des] excuses de la chancelière", rapporte Christian Spillmann sur Twitter.
Sarkozy reparti aussitôt pour Paris
Après 40 minutes de négociations, un accord est finalement trouvé. A 4 heures, l'annonce de la conférence de presse finale est "accueillie par [une] salve d'applaudissements", raconte Christian Spillmann. Nicolas Sarkozy, fatigué, vient expliquer les grandes lignes de l'accord. Mais à la fin de son intervention, le chef de l'Etat "a senti qu'il n'avait pas convaincu", commente sur Twitter Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, ajoutant que Nicolas Sarkozy est "resté pour parler informellement avec les journalistes".
Visiblement satisfait, Nicolas Sarkozy a voulu montrer que même si l'Allemagne a largement imposé son point de vue, la France a joué un rôle central. Immédiatement après, Nicolas Sarkozy a repris l'avion pour Paris. Au programme : un peu de repos, mais surtout la préparation de son émission de son passage jeudi soir au 20 heures.
Le pire semble donc avoir été évité, même si l'accord semble avoir été arraché aux forceps. Mais comme le souligne le Guardian dans son édito de jeudi, cette façon de se débrouiller "ne ressemble peut-être pas à une prouesse. Mais si ça marche, c'est bien meilleur qu'un désastre héroïque".