Des salariés en colère... Les 77 employés d'un restaurant McDonald's de Marseille, celui de Saint Barthélémy qui doit être transformé en restaurant halal asiatique, redoutent un plan social déguisé. Depuis plusieurs mois, ils dénoncent l'attitude de la direction qui souhaiterait, selon eux, se séparer de plusieurs restaurants marseillais dans lesquels les salariés avaient obtenu des avantages sociaux supérieurs à ceux des autres antennes. Il s'agit de "faire rentrer dans le modèle McDo", avec des "temps partiels et des CDD généralisés", des restaurants où les salariés sont majoritairement "en CDI, avec une ancienneté de 20 à 25 ans", expliquait l’avocat du comité d'entreprise Me Ralp Blindauer en mai dernier. Mais malgré les inquiétudes des syndicats et un recours, le juge des référés du tribunal de grande instance de Marseille a donné vendredi son feu vert au changement de franchisé.
"Un faux projet". Tous se préparent à un grand saut dans l'inconnu. A partir de mardi, les portes du McDonald's resteront fermées pour une durée indéterminée, laissant les employés désemparés, en théorie le temps d'aménager le nouveau restaurant. "J'ai du mal à dormir. Je suis une mère seule, je m'occupe de ma fille et aussi de ma mère, c'est le seul salaire que j'ai pour aider ma famille", explique Marie-France. Ce qui l'empêche de dormir, c'est le projet de reprise du fast food. Pour beaucoup, il est jugé peu crédible. "C'est un faux-projet. Les repreneurs ne souhaitent pas nous rencontrer, le permis de construire n'existe et la société n'existe pas en France", s'alarme Kamel Guemari, représentant syndical Force Ouvrière.
Secteur défavorisé. Dans ce secteur défavorisé, le sujet est explosif. "McDo est le deuxième employeur de ces quartiers. On a un taux de chômage entre 60 et 70%, c'est une catastrophe économique et sociale", indique Salim Grabsi, membre du syndicat des quartiers populaires. "Ils sont vraiment à fleur de peau, ils n'ont pas de diplôme, ils n'avaient pour seul objectif que d'aller 'au quartier' et de vendre de la drogue", tente d'expliquer Tony Rodriguez du syndicat Sud. Entre-temps, le repreneur a indiqué dans un communiqué qu'il souhaitait conserver tous les employés sans donner plus de précisions sur son projet.