Le gouvernement français a accueilli froidement mardi l'irruption surprise de l'Etat néerlandais, désireux de défendre ses intérêts, au capital de la compagnie Air France-KLM. La prise de participation du gouvernement néerlandais dans Air France-KLM "s'est faite sans information du conseil d'administration ni du gouvernement français", a déclaré mardi aux Échos le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. "Il est essentiel de respecter les principes de bonne gouvernance et qu'Air France-KLM soit géré dans l'esprit de son intérêt social sans interférence étatique nationale", a-t-il ajouté.
"L'objectif est d'obtenir à terme une position équivalente à celle de l'Etat français", avait annoncé peu avant le ministre des Finances Wopke Hoekstra lors d'une conférence de presse à La Haye. La France détient actuellement une participation de 14,3% dans le groupe.
Fortes tensions sur l'avenir du patron de KLM. Cette décision intervient après de fortes tensions sur l'avenir du patron de KLM, Pieter Elbers, que le conseil d'administration du groupe Air France-KLM a finalement proposé de reconduire dans ses fonctions le 19 février. Les dirigeants de la branche néerlandaise avaient manifesté début février leur inquiétude quant au non-renouvellement du mandat de leur patron en avril et averti que le personnel pourrait faire grève.
"Influencer directement le développement futur d'Air France-KLM". L'irruption de l'Etat néerlandais au capital de la compagnie fait également suite à une série de grèves chez Air France l'an dernier, qui avait suscité l'inquiétude des Néerlandais sur la stabilité de la compagnie française. "Avec cette acquisition, le gouvernement néerlandais veut pouvoir influencer directement le développement futur d'Air France-KLM afin d'assurer de la meilleure façon possible l'intérêt public néerlandais", a précisé Wopke Hoekstra. "Il est devenu évident que les décisions importantes concernant la stratégie de KLM sont prises de plus en plus au niveau d'Air France-KLM", a souligné le ministre.
Les États doivent s'en mêler "le moins possible", estime Gérald Darmanin
Le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a appelé mardi les Etats à se mêler "le moins possible" de la marche de groupe franco-néerlandais Air France-KLM, après la prise de participation surprise du gouvernement néerlandais dans la compagnie aérienne. "J'ai entendu le constat que ni le conseil d'administration d'Air France-KLM, ni le ministre de l'Economie et des Finances (Bruno Le Maire) n'ont été prévenus" de la prise de participation de l'Etat néerlandais dans le capital de la compagnie aérienne, a expliqué le ministre au micro d'Europe 1. "Il faut que l'on ait des bonnes relations avec nos amis des Pays-Bas", a-t-il assuré. "Il faut surtout que les Etats se mêlent le moins possible de la marche d'une grande entreprise comme celle-ci".