Les régions condamnent le projet de réforme de l'apprentissage présenté vendredi par le gouvernement, qui ne répond pas selon elles "aux véritables enjeux" et "affaiblit son développement".
Une réforme qui "ne répond pas aux véritables enjeux". "Cette réforme du gouvernement n'est pas celle que proposaient les régions et ne répond pas aux véritables enjeux du développement de l'apprentissage", écrit Régions de France, qui réunit les présidents de région, dans un communiqué.
Pour la première fois depuis 30 ans, "une compétence décentralisée et pilotée avec efficacité par les régions sera très largement centralisée", note-t-elle. "Le compte n'y est pas pour répondre sur tous les territoires aux besoins et au maintien du développement de l'apprentissage".
De "véritables fractures sociales". Le gouvernement a dévoilé à la mi-journée sa réforme de l'apprentissage qui a donné lieu à d'intenses batailles, notamment entre le Medef et les régions, peu enclines à en partager le pilotage, qui dénonçaient une "privatisation" de l'apprentissage. Selon Régions de France, un grand nombre de questions ne sont pas résolues. Parmi lesquelles, "le risque de véritables fractures territoriales dans l'accès à l'apprentissage entre les zones métropolitaines et non métropolitaines".
Un levier majeur pour l'emploi. L'association s'inquiète également de la "complexité" du nouveau dispositif "avec près de 700 branches différentes en responsabilité" ou du "risque de fragilisation" des Centres de formations d'apprentis (CFA) interprofessionnels. Les régions considèrent pour autant "que l'apprentissage est un levier majeur pour l'accès à l'emploi de notre jeunesse et continueront, comme elles l'ont toujours fait, à promouvoir cette filière d'excellence dans laquelle elles croient".
Édouard Philippe rappelle les bons retours des autres acteurs. Le Premier ministre Edouard Philippe a égratigné ces "postures" en mettant en avant les retours "plutôt bons" des autres acteurs du dossier comme le patronat et les syndicats. "Je suis assez peu adepte de cela, mais je peux parfaitement comprendre qu'il y ait dans une discussion, qui n'est pas achevée c'est vrai, des distinctions entre le contenu des discussions et ensuite les postures que l'on peut prendre", a déclaré le chef du gouvernement, interrogé lors d'une conférence de presse sur les critiques exprimées par les régions.
"Privatisation" ? Ces dernières perdent un droit de veto qu'elles avaient sur l'ouverture d'un centre de formation, même si elles obtiennent un mécanisme de soutien financier, et dénoncent une "privatisation" de l'apprentissage. "Qu'est-ce que ça veut dire privatiser, alors que les régions demandent (...) de la capacité d'organiser une programmation indicative des besoins" ou encore "bénéficient de la possibilité de distribuer l'aide aux entreprises parce qu'elles sont au plus près ?", leur a répondu Edouard Philippe.
Lors de la réunion organisée ce matin avec tous les acteurs à Matignon, "les retours, les expressions, étaient plutôt bons. Ça ne veut pas dire que tout le monde partage tout, bien entendu (...) Mais chacun a le sentiment que le dispositif que nous proposons constitue quelque chose qui peut améliorer", a-t-il insisté.