Après Michelin, les suppressions d'emploi risquent de s'amplifier dans l'automobile

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Aurélien Fleurot / Crédits photo : Adrien Auzanneau / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
L'annonce de la fermeture de deux usines par Michelin la semaine dernière ne sera pas la seule conséquence des difficultés rencontrées par la filière automobile française. Baisse des ventes sur le marché du neuf, concurrence chinoise, conséquences de l'électrification... Les inquiétudes sont multiples et au-delà des grands constructeurs, c'est toute une filière d'équipementiers et de sous-traitants qui s'apprête à vivre des périodes compliquées.

La tendance de fond n'est pas bonne. La filière française des équipementiers automobiles a perdu la moitié de ses effectifs depuis 2007. 57.000 emplois pourraient à nouveau fondre de moitié, mais cette fois en seulement cinq ans et cela parait inéluctable selon Jean-Louis Pech, président de la FIEV, la Fédération des industries des équipements pour véhicules.

"On est dans une situation extrêmement compliquée, voire dramatique. On est au moment où les conséquences vont apparaître. Le volume de voitures produit sur le territoire français est très en deçà de qu'il pourrait être. On n'a pas remonté la pente", déplore-t-il. 

Les emplois liés à l'électrique se font attendre

Selon une récente note de la Direction générale des entreprises, le nombre d’entreprises de la filière automobile a baissé de 7% entre 2009 et 2020. Les constructeurs vendent moins de voitures : le marché automobile français en 2019 s'était établi à 2.214.279 unités vendues, mais le Covid puis l'inflation sont passés par là. En 2023, 1,817 million de voitures neuves ont été immatriculées.

Et pour ne rien arranger, les ventes d'électriques n'augmentent pas aussi rapidement qu'escompté. "Le ralentissement du marché électrique fait que les emplois qu'on imaginait ne sont pas forcément au rendez-vous. Il y en a un peu, mais pas à l'échelle que l'on attendait", constate Jean-Louis Pech, par ailleurs président d'Actia Group, fabricant de composants électroniques notamment pour l'automobile.

Toute une filière de sous-traitants impactée

Après Michelin, Valeo fait partie des groupes qui suppriment des postes ou cherchent à revendre des usines. Valeo, groupe mondial spécialisé dans les produits technologiques comme les moteurs, radars ou phares, traverse une période mouvementée. Les usines de L’Isle-d’Abeau (Isère) ou Mondeville (Calvados) et La Suze-sur-Sarthe (Sarthe) ainsi que le centre de recherche et développement de La Verrière (Yvelines) sont à céder. Mais il y a aussi de très nombreux "plus petits" frappés par des mises en redressement ou liquidations : Bosch, Novarès, Magnetto Automotive France ou encore Anderton Castings, dans la Loire, qui n'a pas trouvé de repreneur, 90 emplois supprimés.

Principale raison : le manque de compétitivité. Pour des constructeurs qui cherchent à tout prix à faire baisser les prix des voitures, se tourner vers des sous-traitants chinois est une aubaine. Leur part de marché est d'ailleurs passée de 8% à 14% depuis 2021, selon les chiffres du cabinet Roland Berger.

Une situation alarmante pour le directeur général de Valeo, qui avait alerté pendant le Mondial de l'Auto à Paris le mois dernier. Christophe Périllat avait plaidé pour l’instauration d’une obligation de contenu local par voiture pour préserver la compétitivité des sous-traitants européens face à la concurrence chinoise, chiffrant à 25% la différence entre le coût de production de ses usines françaises et chinoises.