Le gouvernement envisage de durcir les conditions d'accès à l'assurance chômage dans le cadre de la réforme qu'il doit présenter d'ici deux semaines. Le ministère du Travail a précisé vendredi que les modalités n'étaient pas encore arbitrées.
L'hypothèse d'un passage de 4 mois travaillés sur les 28 derniers mois, à 6 mois sur les 24 derniers pour pouvoir être indemnisé, a été retenue par l'exécutif, selon Les Échos. Interrogé, l'entourage de la ministre du Travail Muriel Pénicaud a assuré que ce sujet n'était pas arbitré mais n'a pas démenti. Des sources syndicales et patronales confirment que cette piste des conditions d'accès est sur la table mais ne sont pas au courant des détails, déplorant que le ministère du Travail ne les informe pas.
Une mesure "purement budgétaire"
Cette piste avait été présentée par le patronat pendant la négociation entre partenaires sociaux, qui a échoué cet hiver. Mais le patronat n'envisageait alors pas de modifier le minimum des 4 mois travaillés, seulement de revenir sur la période d'affiliation de 28 à 24 mois. Si ce passage de 4 à 6 mois était retenu, ce serait "une mesure purement budgétaire, en contradiction avec le discours du gouvernement soi-disant d'incitation de retour à l'emploi", a averti Marylise Léon (CFDT).
En 2017, les dépenses d'allocation correspondant à des droits de quatre à six mois s'était élevées à 1,1 milliard d'euros, soit 4% des dépenses d'indemnisation totales, selon l'Unédic. "On se doutait qu'il pourrait y avoir des mesures très dures, du fait du report des annonces après les élections européennes", a déclaré Denis Gravouil (CGT). Selon ses calculs, cela signifie "entre 250.000 et 300.000 personnes" empêchées d'accéder à l'assurance chômage. "Bien sûr, le gouvernement va dire que, de l'autre côté, il fait le bonus-malus pour les entreprises et que la précarité va se réduire", a-t-il poursuivi.