L'Assurance maladie va contrôler 130 société d'audioprothèses en France pour vérifier leurs pratiques, alors que le secteur en pleine explosion est marqué par des fraudes importantes, a-t-elle annoncé jeudi lors d'une conférence de presse consacrée à ses efforts de lutte contre la fraude. "Nous engageons un plan d'action concernant 130 sociétés d'audioprothèses, qu'on va aller voir sur place, pour regarder leurs dossiers, et engager des sanctions administratives et pénales s'il le faut", a déclaré Thomas Fatôme, le directeur général de la Caisse d'assurance maladie.
150 millions d'euros de fraude
Le marché de l'audioprothèse a été dopé par l'introduction du 100% santé (offre permettant une prise en charge complète de lunettes de vue, prothèses dentaires ou aides auditives), qui a permis à de nombreuses personnes de s'équiper alors qu'elles ne le pouvaient pas auparavant. En trois ans, de 2019 à 2022, le nombre de personnes équipées a doublé, passant de 400.000 à 800.000, et les remboursements de l'Assurance maladie ont atteint 420 millions d'euros en 2022, a rappelé Thomas Fatôme.
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Mais ce décollage du marché s'est accompagné de l'arrivée d'acteurs peu scrupuleux et d'escrocs, qui facturent à l'Assurance maladie des prothèses qui n'ont jamais été posées, installent des équipements simples tout en facturant les plus coûteux, ou équipent des gens qui n'en ont pas besoin... Au vu des premiers contrôles et procédures anti-fraude lancées par l'Assurance maladie, la fraude liée aux audioprothèses "pourrait représenter quelques dizaines de millions d'euros", selon les estimations de Thomas Fatôme.
L'Assurance maladie présentait jeudi un "bilan à mi-année" de la lutte contre la fraude. Elle estime être parvenue à détecter et stopper 150 millions d'euros de fraude au premier semestre et s'estime en bonne voie pour atteindre l'objectif de 380 millions au total en 2023, contre 315,9 millions en 2022. Les deux tiers de ces fraudes stoppées au premier semestre portent sur des soins de ville, essentiellement sous la forme d'actes fictifs et de surfacturation par les professionnels de santé. Des chiffres à comparer aux dépenses totales de l'Assurance maladie, de l'ordre de 200 milliards d'euros par an.