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avec AFP / Crédits photo : PHILIPPE HUGUEN / AFP , modifié à
L'Assurance maladie priée de se serrer la ceinture : principale cause du creusement actuel du déficit de la Sécurité sociale, elle est appelée à ralentir de près de quatre milliards d'euros la croissance de ses dépenses dans le projet de budget de la Sécurité sociale 2025.

Selon le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2025) présenté jeudi soir en Conseil des ministres, le déficit de la branche maladie s'est creusé à 14,6 milliards d'euros en 2024, alors que le gouvernement prévoyait il y a un an un déficit limité à 8,5 milliards.

Ce dérapage explique pour une très large part le creusement du déficit de la Sécu, estimé en 2024 à 18 milliards, contre 10,5 milliards prévus il y a un an. Le projet de budget prévoit de contenir le déficit 2025 à 16 milliards, grâce à des efforts conséquents, notamment dans le domaine de la santé.

Les dépenses de santé (Objectif national de dépenses d'assurance maladie) augmenteront de 2,8%, après avoir augmenté de +3,3% en 2024. Mais cet objectif ne pourra être tenu qu'avec des économies d'environ quatre milliards d'euros par rapport à la pente naturelle des dépenses, inexorablement gonflées chaque année par l'inflation, le vieillissement de la population et la hausse des maladies chroniques.

Transfert aux complémentaires santé

Parmi les mesures d'économies retenues, le gouvernement souhaite réduire la part de l'Assurance maladie dans le remboursement des consultations médicales, les complémentaires santé augmentant simultanément leur part, pour que leurs assurés continuent d'être remboursés comme avant. Mais 4% des Français - soit 2,5 millions de personnes selon l'Irdes (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé) - ne bénéficient pas d'une complémentaire santé et verront leur reste à charge augmenter.

En outre, la mesure revient dans les faits à faire payer les ménages, puisque ce transfert de charge évalué à un milliard d'euros environ par le gouvernement. Il ne manquera pas à terme d'être répercuté dans les tarifs des complémentaires santé, qui ont déjà connu une hausse d'environ 8% en moyenne en 2024. Le PLFSS prévoit aussi des baisses de tarifs des médicaments, et "un effort sur la pertinence des prescriptions médicales", notamment en matière de transports sanitaires de patients et d'analyses médicales.

Des entreprises à contribution

Le projet de budget prévoit également de réengager des discussions avec les laboratoires d'analyses biologiques et les radiologues en vue de baisses tarifaires, et de donner des armes à l'Assurance maladie pour réduire "unilatéralement" les tarifs en l'absence d'accord.

Le gouvernement envisage encore de rogner les indemnités journalières perçues en cas d'arrêt maladie. L'Assurance maladie rembourserait toujours les arrêts à hauteur de 50% du salaire journalier, mais dans la limite d'un plafond de 1,4 Smic, contre 1,8 aujourd'hui.

Les entreprises, qui souvent compensent le reste à charge, devraient mettre la main à la poche, sauf pour les salariés dont les employeurs ne compensent pas, qui en feront directement les frais. Mais les économies ne suffiront pas, et le gouvernement est donc contraint de rechercher de nouvelles recettes pour la Sécu.

Le projet de loi prévoit ainsi de simplifier, limiter et répartir différemment les allègements de cotisations patronales, aujourd'hui fortement concentrés au niveau du Smic, pour inciter le patronat à augmenter les très bas salaires. En outre, le nouveau cocktail d'allègements s'arrêterait à trois Smic, contre 3,5 Smic aujourd'hui.

La réforme permettrait d'engranger au moins quatre milliards d'euros. Cette mesure fait déjà bondir le patronat qui assure qu'elle "détruira plusieurs centaines de milliers de postes". Parmi les recettes supplémentaires, le gouvernement a aussi prévu de décaler de six mois (au 1er juillet plutôt qu'au 1er janvier) la revalorisation des retraites, engrangeant quatre milliards d'euros d'économies.