Il n'y a pas de fumée au-dessus de l'une des quatre énormes cheminées. Le réacteur numéro 4 est en effet à l’arrêt depuis le mois de novembre, pour cause d'inspection minutieuse. La centrale nucléaire du Bugey, dans l'Ain, fête son quarantième anniversaire. Comme beaucoup d'autres centrales françaises, elle avait à l'origine été construite pour être utilisée précisément pendant 40 ans seulement. Mais la semaine dernière, l’Autorité de sûreté nucléaire a donné son feu vert à la prolongation de leur exploitation pour dix ans de plus, à condition de tester les réacteurs un par un et de les mettre à jour. Alors sur le site de Bugey, on s'affaire. Europe 1 vous emmène mercredi au cœur de ce réacteur qui subit une batterie de tests poussés.
Tester et renforcer la sécurité de la centrale nucléaire
Pour entrer, sur le site il faut s'équiper complètement de la fameuse tenue blanche : tee-shirt, chaussettes, combinaison, gants, sur-gants, casque et masque. La totale. Ensuite, il faut grimper 20 mètres au-dessus de la cuve pour avoir une vue d'ensemble. Et surprise : une quarantaine d'agents EDF sont dans le réacteur, d'ordinaire complètement vide. À l'intérieur, tout est passé au peigne fin. La cuve du réacteur a été en partie démontée et radiographiée cm2 par cm2 à la recherche de la moindre fissure.
En dehors des tests, il y a aussi des travaux d'amélioration de la sûreté. "'Typiquement, ce pont jaune, c'est celui qui permet d'aller chercher toutes les charges qui sont introduites dans le bâtiment réacteur. Pendant la visite décennale, on renforce tous les ancrages de ce pont-là, pour qu'ils résistent à un éventuel séisme", explique Pierre Boyer, le directeur du lieu.
"Des moments importants et galvanisants pour un site"
Pour effectuer les tests ou les travaux d'amélioration, il faut presque deux ans de préparation en amont. Un travail colossal pour que le jour J, tout se passe bien. "Il faut être concentré, car ce sont beaucoup d’activités différentes qui doivent s’enchaîner", assure le directeur de la centrale du Bugey. Mais pour lui, ce sont "des moments importants et galvanisants pour un site". "Quand on réussit ces épreuves, c’est la garantie pour le réacteur de pouvoir fonctionner pour au moins dix ans de plus", ajoute-t-il.
La remise en forme de la centrale va durer encore deux mois. Ensuite, l’Autorité de sûreté nucléaire validera ou non la prolongation de dix ans.
Quel avenir pour les centrales nucléaires ?
L'idée pour EDF est donc de pousser ses centrales le plus loin possible. Et l'un des projets que l'entreprise entend mener à bien pour l'avenir du nucléaire, ce sont les réacteurs de 3ème génération, plus communément appelés EPR. Plusieurs sites ont déjà été désignés pour les accueillir, comme Tricastin, près de Montélimar, Gravelines, dans le Nord, Penly, en Normandie ou encore la centrale du Bugey, justement.
Mais pour cela, EDF a besoin de l’autorisation de l’Etat, qui ne devrait pas arriver avant la mise en service du premier EPR, celui de Flamanville. C'est-à-dire pas avant 2023.