Ce mercredi à midi, le nombre de demandeurs d’emplois au deuxième trimestre sera publié par la Dares, la direction des statistiques du ministère du Travail. Après la hausse du chômage enregistrée en fin d’année 2023, la situation s’était stabilisée au premier trimestre, avec un peu moins de trois millions de demandeurs d’emploi en catégorie A, sans aucune activité, et un taux de chômage à 7,5% de la population active. Mais la dissolution qui a plongé la France dans l’incertitude politique et économique pourrait changer la donne.
Avant la crise politique, l’INSEE tablait sur un taux de chômage quasi-stable en fin d’année, à 7,6% de la population active. Mais le grand flou post-législatives affecte les entreprises et menace directement la création d’emplois, comme en témoigne Audrey Louail, présidente du réseau Croissance plus. "La situation s’est clairement dégradée. On a fait un sondage auprès de nos adhérents : près d’un tiers des répondants constatent une dégradation de leur carnet de commandes, de leur chiffre d’affaires, de leur trésorerie… Donc, la plupart vont geler les embauches", confie-t-elle.
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Les PME freinent les embauches
"Nous les patrons, on ne sait pas où on va, on a vraiment besoin que les questions économiques prioritaires soient traitées", ajoute-t-elle. L’attentisme règne aussi à la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Les patrons attendent que l'horizon politique se dégage, avant de se projeter vers de nouveaux recrutements. Et ils espèrent que le futur gouvernement prolongera la politique pro-business d’Emmanuel Macron.
"Effectivement, les plan d'investissements sont retardés ou suspendus. Les embauches sont évidemment retardées. Sans confiance, il n'y a pas de business. À la rentrée il nous faut un cap", implore Éric Chevé, vice-président de la CPME. Parmi les freins à l’embauche, il y la crainte qu’un futur gouvernement change la politique fiscale en défaveur des entreprises, selon l’économiste Bertrand Martinot : "Les incertitudes en particulier sur la fiscalité sont très mauvaises pour les entreprises en terme d’investissement et en terme d’embauches".
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Autre signal important, l’abandon récent de la dernière réforme de l’assurance chômage, qui, en durcissant les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi, devait permettre à la France de franchir une nouvelle marche vers le plein-emploi, objectif phare du quinquennat.